https://www.connaissancedesarts.com/wp-content/thumbnails/uploads/2023/04/cda23_actu_minhcin_beaulieu_main-tt-width-680-height-382-fill-1-crop-0-bgcolor-ffffff.jpg 768w, Sa présence à l’abbaye cistercienne de Beaulieu-en-Rouergue résonne comme une évidence. A la croisée du transept et de la nef de l’église abbatiale du XIIIe siècle, une sculpture en forme de croix, longue de 28 mètres, composée de 33 panneaux en acier ajouré recouverts de cire, fait vibrer l’air, la lumière, la pierre de l’édifice. Par centaines, des petites flammes consument la cire, révélant peu à peu l’acier et le motif de roses dessiné par l’artiste en écho aux rosaces et à la roseraie de l’abbaye. mis en œuvre par le ministère de la Culture, en collaboration avec le Centre des monuments nationaux.
La cire est une âme
Cette installation monumentale, dont les dimensions répondent au plan de l’église, a été conçue par Juliette Minchin, lauréate du programme de soutien à la création « Mondes nouveaux ». Son titre, La Croix, veillée aux épines, évoque d’emblée la Passion du Christ. Mais cette référence ne se limite pas à sa dimension christique, précise l’artiste, dont les recherches en anthropologie l’ont amenée à explorer la diversité des formes hiératiques et des rituels (talismans, ex-votos…) qui ouvrent le passage au royaume des morts, et que l’on retrouve dans cette œuvre avec la cire. « La cire est une âme », confie Juliette Minchin, née en 1992, diplômée de l’École nationale des beaux-arts de Paris et de l’École des Arts décoratifs.
Juliette Minchin, « La Croix, veillée aux épines », cire, acier, mèches, éclairage Leds, L. 28m, l. 11m., h. 2,25m, courtesy de l’artiste ©Damien Aspe
Un vêtement architectural
La cire est aussi « depuis toujours associée au corps humain, raconte-t-elle. Elle prend ici la forme d’un vêtement architectural. La « peau » reprend alors le sens de sa définition en architecture où elle désigne la surface nue du bâti, la façade. En suivant la forme de la croix latine de la nef, j’ai voulu que cette installation soit en étroite relation avec les murs du bâti et la spiritualité du site. A l’issue de l’exposition, la totalité de la cire sera récupérée, filtrée et réactivée dans les œuvres à venir, un peu comme une âme qui quitterait un corps pour un autre. » Telle une cérémonie, la métamorphose qui s’opère le temps de l’exposition incite à une expérience intérieure, une méditation sur la finitude et l’éternel retour.
Juliette Minchin, « La Croix, veillée aux épines », cire, acier, mèches, éclairage Leds, L. 28m, l. 11m., h. 2,25m, courtesy de l’artiste ©Damien Aspe
Dans un tout autre registre, dans la Salle des convers de l’abbaye, une exposition collective proposée par l’Association culturelle de l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue réunit trois collections privées d’Occitanie où se conjuguent l’art brut, le surréalisme et l’abstraction des années 1950 à 1970. Elles sont mises en dialogue avec un ensemble intitulé « Art pour art », restituant quarante ans d’échanges entre le conservateur Jean-Hubert Martin et l’artiste conceptuel Claude Rutault.
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