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Giovanni Bellini, peintre de la lumière et de la couleur

Giovanni Bellini, Christ mort soutenu par deux anges (détail), vers 1470-1475, détrempe et huile (?) sur bois, 82,9 cm x 66,9 cm, Berlin, Gemäldegalerie

Ce printemps, Giovanni Bellini est l’invité d’honneur du musée Jacquemart-André à Paris. Jamais exposé pour lui-même en France, l’instigateur de l’École vénitienne de peinture apparaît à travers ses multiples influences fondatrices. Une première en Europe.

« Homme aux inlassables méditations, jamais las d’évoquer l’ancien, de comprendre le nouveau et de les expérimenter, il fut tout ce que l’on affirme : d’abord byzantin et gothique, puis émule de Mantegna et padouan, ensuite sur les traces de Piero della Francesca et d’Antonello de Messine, enfin partisan de Giorgione ; et pourtant toujours lui-même, avec son sang chaud, son souffle vibrant, témoignant d’un plein accord profond entre l’homme, le sillage de l’homme changé en histoire et le manteau de la nature. » Ainsi le critique d’art Roberto Longhi décrit-il, en 1946, la personnalité de Giovanni Bellini (vers 1435-1516) et la plasticité de son art, lui qui a assis le talent propre de ce peintre de la lumière et de la couleur, longtemps éclipsé par la réputation de son illustre beau-frère, Andrea Mantegna, puis par celles de ses élèves géniaux, Giorgione et Titien.

Peintre de silences

Au mitan du XVIe siècle, Giorgio Vasari lui reconnaissait « un dessin sûr et un bon style ». Un sacré compliment de la part du plus chauvin des Florentins avec, selon Neville Rowley, co-commissaire de la manifestation parisienne, la tendance à « insister toujours plus sur l’interaction entre couleur et lumière ». Le musée Jacquemart-André donne à voir, à ressentir et à réfléchir les influences variées qui ont innervé son œuvre, et du même coup ce qui fait la spécificité de sa peinture.

Giovanni Bellini, Portrait d’un jeune homme vêtu à l’antique (Andrea Mantegna ?), vers 1475, huile sur bois, 32 x 28 cm, Milan, Pinacoteca del Castello Sforzesco © SCALA, Florence, Dist. RMN-Grand Palais/image Scala

Giovanni Bellini, Portrait d’un jeune homme vêtu à l’antique (Andrea Mantegna ?), vers 1475, huile sur bois, 32 x 28 cm, Milan, Pinacoteca del Castello Sforzesco © SCALA, Florence, Dist. RMN-Grand Palais/image Scala

« Giovanni Bellini est un peintre de silences, prévient Neville Rowley. Sa jeunesse nous échappe, bien plus que celle de ses contemporains. » Ni son année de naissance, ni l’identité de ses parents ne font l’unanimité : d’aucuns l’imaginent naître vers 1425, d’autres aux alentours de 1440. Pour les uns, il fut le fils illégitime du peintre vénitien Jacopo Bellini (1400-1470), son demi-frère pour quelques autres… Quoi qu’il en soit, Jacopo le forme dans son atelier en même temps que son fils légitime Gentile (1429-1507) au style gothique international, plébiscité par les commanditaires vénitiens, comme aux innovations florentines transmises par Gentile da Fabriano (1370-1427).

La tradition byzantine – ses fonds d’or, ses figures hiératiques et ses grandes formules iconographiques – est, elle aussi, bien vivante dans la Lagune par l’entremise des reliques, icônes et autres manuscrits grecs ou crétois arrivés en masse après la chute de Constantinople en 1453. Giovanni ne se privera jamais de doter les Madones qui font tôt son succès d’un fond d’or ou d’un geste codifié de la manière orientale…

Giovanni Bellini, Vierge à l’Enfant, vers 1485, huile et or (moderne) sur bois, 55,6 x 43,9 cm, Berlin, Gemäldegalerie © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie/ Christoph Schmidt

Giovanni Bellini, Vierge à l’Enfant, vers 1485, huile et or (moderne) sur bois, 55,6 x 43,9 cm, Berlin, Gemäldegalerie © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie/ Christoph Schmidt

Le clan Bellini-Mantegna

En 1453, Niccolosia Bellini, fille légitime de Jacopo, épouse le peintre padouan Andrea Mantegna (1431-1506). Rapidement, ce dernier partage avec Giovanni son érudition et sa passion de l’antique, son goût du trait et de la minéralité. Ensemble, ils se frottent aux leçons de perspective et de monumentalité de Donatello (vers 1386-1466), padouan entre 1443 et 1453, dont le pathétisme des figures sacrées les marque tout aussi profondément. Avant que Mantegna ne s’installe à la cour de Mantoue, en 1460, ils travaillent parfois à quatre mains. Giovanni collabore plus régulièrement encore avec Gentile.

Giovanni Bellini, Le Sauveur, vers 1502, huile sur panneau, 44 x 33 cm, Madrid, Académie de San Fernando. Hors exposition.

Giovanni Bellini, Le Sauveur, vers 1502, huile sur panneau, 44 x 33 cm, Madrid, Académie de San Fernando. Hors exposition.

S’il est difficile d’identifier chaque pinceau du clan Bellini-Mantegna, l’art de Giovanni se distingue d’emblée par l’intensité de la lumière, le soin apporté aux reflets lumineux et par des paysages atmosphériques, tout en poésie. Des années durant, Gentile se charge des décors officiels tandis que Giovanni se spécialise dans les Madones de dévotion privée que les Vénitiens accrochent dans leurs chambres et qu’ils s’arrachent comme des petits pains.

Pour répondre à la demande, Giovanni s’entoure et met en place, dans son atelier, un système de production en série faisant appel à différentes méthodes de report de modèles. Il produira toujours plus, sans sacrifier à la qualité, notamment après avoir été nommé peintre officiel de la Sérénissime en 1483.

Giovanni Bellini et atelier , Vierge à l’enfant, vers 1500, huile sur panneau de bois, 131 x 103 cm, Musée Jacquemart-André, Paris Photo © Culturespaces / Studio Sébert Photographes

Giovanni Bellini et atelier , Vierge à l’enfant, vers 1500, huile sur panneau de bois, 131 x 103 cm, Musée Jacquemart-André, Paris Photo © Culturespaces / Studio Sébert Photographes

L’éclat de la peinture à l’huile

En 1475 et 1476, Giovanni Bellini côtoie Antonello de Messine (1430-1479), dont l’œuvre traduit la formation napolitaine, avec son lot d’influences flamandes et catalanes, mais également la connaissance de la peinture romaine, toscane et ombrienne. Celle de Piero della Francesca en particulier, découverte au fil de ses pérégrinations. Comme lui, le Sicilien retient la leçon éblouissante des œuvres de Jan Van Eyck et de son élève Petrus Christus, dont ils peuvent admirer quelques productions dans la cité lagunaire, ainsi que les allégories moralisantes d’Hans Memling.

Giovanni Bellini, Dieu le Père, vers 1505-1510, huile sur bois, 102 x 132 cm, Pesaro, Palazzo © Mosca, Musei Civici.

Giovanni Bellini, Dieu le Père, vers 1505-1510, huile sur bois, 102 x 132 cm, Pesaro, Palazzo © Mosca, Musei Civici.

Outre les techniques de la peinture à l’huile et du glacis, Giovanni Bellini retient d’Antonello et des Flamands la leçon du portrait, tant la précision anatomique que la présence psychologique du modèle. Son Portrait du doge Leonardo Loredan (1501-1502, Londres, National Gallery) compte parmi les chefs-d’œuvre du genre. Lors de son second séjour dans la cité des Doges, en 1506, Albrecht Dürer ne cache pas son admiration pour son aîné vénitien, « très vieux, mais toujours le meilleur en peinture », comme il le précise dans une lettre à son ami Willibald Pirckheimer. Il lui  raconte aussi que Bellini « voudrait posséder quelque chose de ma main et il est venu me voir en personne pour me prier de lui dessiner quelque chose dont il saurait bien me dédommager ».

Paysages en perpétuelle mutation

Fidèle à lui-même, curieux et désireux de faire évoluer son art, Giovanni est avec ses élèves et ses collaborateurs comme avec les autres : un regardeur attentif et concerné, prompt à faire sien le meilleur de leur manière, dans les paysages en perpétuelle mutation, en arrière-plan de ses compositions. Après s’être imprégné des manières de Mantegna, Antonello, Van Eyck et Christus, son style évolue encore au contact du jeune Cima da Conegliano (1459-1517) puis de ses élèves Giorgione (1477-1510) et Titien (vers 1488-1576). Cima fait du paysage naturaliste et détaillé un protagoniste de ses compositions, tandis que ses deux élèves les plus célèbres dissolvent les contours des formes dans une brume sensuelle faite de tons et de touches.

Jan van Eyck et atelier, Crucifixion, vers 1425, huile et or sur bois, 45 x 31 cm, Venise, Galleria Giorgio Franchetti alla Ca’ d’Oro, Collezione Giorgio Franchetti © Scala/MBACT

Jan van Eyck et atelier, Crucifixion, vers 1425, huile et or sur bois, 45 x 31 cm, Venise, Galleria Giorgio Franchetti alla Ca’ d’Oro, Collezione Giorgio Franchetti © Scala/MBACT

Quelques mois avant de disparaître, Giovanni Bellini peint une lumineuse Vénus au miroir, en réponse à celle d’Hans Memling, ainsi qu’une étonnante Dérision de Noé. « Le premier tableau de la peinture moderne », selon Roberto Longhi, sorte de testament pictural et peut-être même d’autoportrait allégorique tout en autodérision, qui prouve, si besoin était, que Giovanni n’a jamais cessé de s’interroger et de se renouveler. À la lumière des autres.

Giovanni Bellini, L’ivresse de Noé, vers 1513-15 , huile sur toile, 103 x 157 cm, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Besançon Photo © Besançon, musée des beaux-arts et d’archéologie / Thomas Clot

Giovanni Bellini, L’ivresse de Noé, vers 1513-15 , huile sur toile, 103 x 157 cm, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Besançon Photo © Besançon, musée des beaux-arts et d’archéologie / Thomas Clot

 

Les + de l’exposition :  Première occasion de profiter en France d’une exposition dédiée au précurseur de l’École vénitienne de peinture, qui donne à voir ses multiples influences et la manière dont il a façonné son art, tout en douceur et en poésie.Les – : On regrette l’absence du Portrait du doge Loredan, de La Vénus au miroir et de L’Allégorie sacrée, chefs-d’œuvre belliniens conservés à la National Gallery de Londres, au Kunstihistorisches Museum de Vienne et aux Offices de Florence.


« Giovanni Bellini, influences croisées »
Musée Jacquemart-André
158, boulevard Haussmann, 75008 Paris
Du 3 mars au 17 juillet
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