Quinze jours. C’est le court et précieux temps qu’il vous reste pour découvrir une exposition exceptionnelle et passionnante proposée dans les locaux de la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine de Toulouse, une exposition inédite autour des manuscrits médiévaux de la bibliothèque des Dominicains de Toulouse – un Ordre installé dans la cité depuis le XIIIe siècle – dont a hérité la Bibliothèque municipale. Dans une scénographie simple mais efficace, Émilie Nadal, chargée de recherche et commissaire d’exposition, et Magali Vène, conservateur en chef des bibliothèques, ont souhaité proposer au plus grand nombre leur regard bienveillant sur le fond exceptionnel des manuscrits de la bibliothèque, en lien avec un vaste projet de catalogage et de mise en valeur actuel accompagné par des historiens médiévistes spécialistes du sujet – deux journées d’étude étaient d’ailleurs organisées dans ce sens les 13 et 14 janvier.
Une trentaine de manuscrits a donc été sélectionné, par les plus rares possédés par les frères dominicains, magnifiques extraits d’une bibliothèque oubliée, connue par un premier inventaire de 1683, ensemble dont l’histoire au travers des siècles fut pour le moins chaotique. Conservés depuis le Moyen Âge par les Dominicains, ces manuscrits sont saisis et mis dans un premier temps à la disposition de la nation avec la Révolution. Dès ce moment, ils errent de dépôts en dépôts dans des conditions de conservation déplorables, voire inexistantes. Les inventaires successifs de 1796 et de 1819 ne sont que sommaires et partiels, et pointent la dégradation du fonds. En 1885, c’est un inventaire de l’historien Charles Molinier qui met en lumière la richesse de ces manuscrits avant, plus d’un siècle plus tard, les travaux de recherches de Martin Morard en 2014.
Fort de ce trésor, la bibliothèque d’Étude et du Patrimoine se devait d’en faire la publicité, disposant du plus ancien et plus riche fond dominicain actuel jamais exposé au public. Dans un ensemble des manuscrits inventoriés aujourd’hui et mis en exposition, se côtoient en effet des manuscrits pour l’essentiel datés des XIIIe et XIVe siècles, ouvrages luxueux de grand format, enluminés avec élégance, livres liturgiques, petits recueils destinés à l’étude, mais aussi un ensemble particulier concernant Bernard Gui, un des frères dominicains présents dans l’histoire régionale, lecteur et prieur dans plusieurs villes méridionales, inquisiteur de Toulouse à partir de 1307 avant sa nomination à Lodève en 1323. Dans cette exposition, on retiendra un volume rare, coup de cœur pour le seul manuscrit du XIIIe siècle de l’Inquisition de Toulouse, le manuscrit 609, ensemble exceptionnel de 260 feuillets sur papier – et non sur parchemin – de près de 5600 dépositions devant les inquisiteurs dominicains toulousains Bernard de Caux et Jean de Saint-Pierre lors d’une enquête sur le grand nombre dans le pays du Lauraguais.
Quinze jours. Le 29 janvier 2017, cette exposition fermera définitivement ses portes, réservant alors ces trésors aux chercheurs et aux historiens pour des consultations encouragées par la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine de Toulouse. Si vous séjournez dans la ville rose ou Toulousain(e) vous êtes, cette belle exposition de manuscrits exhumés des aléas du temps ne pourra que vous séduire et vous émouvoir.
Informations pratiques :
« Manuscrits médiévaux des dominicains de Toulouse. Mémoire d’une bibliothèque »
Exposition du 15 novembre 2016 au 28 janvier 2017
Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine de Toulouse
1 rue du Périgord à Toulouse – Entrée libre
www.bibliothèque.toulouse.fr
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