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L'arrivée à New York (une nouvelle sur Dvořák)

L'arrivée à New York (une nouvelle sur Dvořák)

http://musicabohemica.blogspot.fr/


Si le Capitaine Ringt, seul maître à bord après Dieu, était sujet à la plus infime appréhension pour cette manœuvre d’accostage, nul observateur n'aurait pu le deviner.

Fermement établi sur ses deux jambes, le commandant édictait avec une impassible assurance des ordres brefs à son second. Vue des passagers, sa silhouette stricte se détachait avec netteté sur le ciel, faisant écho à la remarquable ligne de la Statue de la Liberté.

Captain Ringt ne pouvait s’empêcher de songer que le colosse de pierre, érigé sur l’île de Bedloe voisine (1), avait exactement le même âge que le mastodonte d’acier qu’il venait une fois encore de mener à travers l’Atlantique. Car le S. S. Saale, sorti en 1886 des chantiers navals de la Fairfield Shipbuilding & Engineering Company, à Glasgow, ne faisait certes pas pâle figure face à la dame de Bartholdi : plus de 450 pieds de long et 48 de large, un tonnage dépassant les 5200 tonnes permettaient de convoyer pas moins de  mille deux cents passagers à chaque traversée ! Mue par trois puissants moteurs à vapeur, son hélice propulsait le géant des mers à la vitesse stupéfiante de 17 nœuds. (2)

Et en ce matin du 26 septembre, voici l’île Ellis, à l'embouchure de l'Hudson, la grande porte par laquelle tous les immigrés entreront aux Etats-unis d'Amérique. Car depuis le 1er janvier de cette même année 1892, tous les arrivants devaient se faire enregistrer. La jeune nation souhaitait connaître le métier des arrivants, leur patrie d'origine et leur destination.

La traversée était souvent éprouvante pour des individus n’ayant jamais mis les pieds sur un navire, a fortiori sans avoir encore de leur vie contemplé un océan. Beaucoup provenaient d’Europe centrale et rares étaient ceux sachant tenir dignement leur rang – et le voyage en première classe ne faisait rien à l'affaire.


Cette fois-ci encore le transatlantique a été un peu trop secoué au goût des passagers. Oh, rien d’étonnant, ni même hors du commun, songeait Ringt ; en tout cas aucun motif d’inquiétude pour un marin digne de ce nom.

Cette année, la saison des cyclones avait commencé dès la mi-juin et se prolongera encore, à l'accoutumée, jusqu’à la fin de l’automne. Juste avant le voyage du SS Saale, deux tempêtes s'étaient déclarées. La première était parvenue à approcher la côte espagnole. L'autre quant à elle remonta vers le nord jusqu’au lointain Groenland. Heureux présage, toutes les deux s'étaient  apaisées le même jour, précisément le 17 septembre 1892, alors même que le géant des mers appareillait de Brême.

Neuf jours plus tard cependant, alors que le voyage touchait à son but,  le capitaine apprit qu’un nouvel ouragan était apparu dans les parages de l'île de Cozumel, aux confins de la Mer des Caraïbes. Porté par un vent de tous les diables, l'ouragan traversa le Yucatán où, faute de pouvoir soutirer à l’océan son énergie cataclysmique, il devait rendre à la terre une part de sa vigueur. Mais dès le contact avec les eaux chaleureuses du Golfe du Mexique, le cyclone se muta en un monstre tempétueux, se précipitant enfin sur le Texas pour venir s’asphyxier quelque part sur le continent.

Grâce à Dieu, aucune de ces tempêtes ne croisa la course du S. S. Saale. Tout au plus les séquelles d’un autre cyclone, disparu en pleine mer le 23 septembre aux parages du 37° nord et 40° ouest, pas si loin de la course du navire, ont-elles pu donner quelques sueurs froides aux passagers délicats. (3)

Il n’en fallait guère plus pour inciter les premières classes invitées à la table du capitaine à déclarer forfait, une à une, vaincues par le persévérant roulis imprimé au bâtiment.

Toutes, sauf une.

Ringt se souvient encore de cet Autrichien à la tête de boucher qui se permit de lui demander, un verre de liqueur en main :

- Capitaine, n’y a-t-il pas une manière de décrire l’intensité des tempêtes maritimes ?

- Elle existe déjà. Cela dit, pourquoi ne proposez-vous pas votre propre échelle des ouragans, Herr Dvořák ? (4)

- Pas mon métier. Mais le bruit de tous les diables que fait cet océan en trimbalant ce bateau (Ringt réprima un sursaut. Son bateau n’était pas du tout trimbalé, ces fichus terriens n’ont aucune culture de la traversée. Et puis ce n’était nullement un vulgaire bateau mais bien un navire à la pointe du progrès) m’inspirerait assez une nouvelle symphonie, ou bien un concerto d’un nouveau genre. Oui, voilà qui pourrait être bien, une symphonie Neptune. (il éclusa son verre). Ou une œuvre où chaque mouvement aura un instrument soliste, mais à chaque fois un instrument différent. (5) Voyez ?

La capitaine soupira. Revoilà qu’on parle de musique. Déjà au cours du dîner un énergumène exalté lui avait vanté les mérites d’un de ses jeunes élèves, à coup sûr un très grand compositeur, celui que l’Amérique attend, un certain Charles Ives, oui, telle était l’opinion de Dudley Buck. (6)

Un autre passager de première, Albert Munsel, s’était alors manifesté comme musicien. Mais les orientations de la musique moderne l’effrayaient, et il se posait la question de mettre son esprit à l’œuvre dans un autre domaine artistique. La peinture, par exemple. Il pensait que la discipline devait s’allier à la science pour proposer aux artistes une nomenclature raisonnée de toutes les couleurs et nuances possibles. N’est-ce pas là un idéal merveilleux pour le siècle qui s’annonce ? (7)

« La peinture, je m’y connais un peu, même si je suis avant tout un sculpteur », s’exclama alors le dénommé Louis Diederich. « Et croyez-moi, il y a encore de grandes choses et surtout de grands hommes à dépeindre dans le Nouveau Monde ! » (8)

Sur cette envolée lyrique, Diederich s’était solennellement dressé, un verre à la main, mais devant le peu d’empressement des convives à lui rendre la pareille – une bonne partie des femmes et des enfants avait déjà quitté le salon pour des lieux plus propices aux convenances, et les derniers invités faisaient leur possible pour conserver un visage avenant – il se contenta de le porter à ses lèvres sans en goûter le liquide. Il le posa sur la table, se rassit, se releva promptement et s’excusa à son tour.

Une voix suave se fit entendre. « L’art, c’est très bien. Mais que serait donc l’artiste sans le Créateur qui l’inspire et s’exprime à travers lui ? ».

Les regards se tournèrent vers un individu discret et strictement vêtu, au visage d'une grande pâleur. « Je m’appelle Francis Brown. Je suis théologien, voici mon épouse Louise et mes trois enfants : Julius Arthur, Nathalie et Elisabeth. » (9)

- Théologien ? interrogea laconiquement Ringt. Le capitaine appréciait avec modération les ecclésiastiques et tout ce qui s’en approchait, surtout à son bord. Quelque ait été sa position envers Dieu et ce qui gravite autour, il entendait rester l’unique autorité auprès de tout ce qui respirait à bord du paquebot.

- Oui, Capitaine. J’ai récemment entrepris l’enseignement de l’Hébreu et des langues apparentées. Nous avons encore tant à apprendre de la Syrie des autres pays levantins, berceau de l’enseignement du Christ. Il ne s’agit naturellement pas de rétablir le pape en Palestine, ajouta-t-il en souriant, faisant allusion à l’ingénieur Hamelin dans le roman d’Emile Zola l’Argent. Mais ce monde délétère a besoin de repères fermes, historiques, pour ne pas sombrer dans l’inconséquence, ne croyez-vous pas ?

- Mais oui ! s'écria Dudley Buck. Les chants d’église représentent la nouvelle musique américaine, pour sûr. Et la musique pour orgue ! Si seulement vous entendiez ce que fait le petit Ives avec ce merveilleux instrument !

- J’ajoute que je suis aussi Docteur en Philosophie et en Divinité depuis huit années, continua imperturbablement Francis Brown, comme s’il n’avait pas entendu l’inopportune exclamation de Buck.

- Papa Antonius ! Dis-leur que toi aussi tu es Docteur en Philosophie !

Un jeune garçon d’une dizaine d’années interpella ainsi l’Autrichien à la tête de boucher. Oui, son père était diplômé de l’Académie de Prague. Son certificat, rédigé en langue latine, proclamait l’élévation d’Antonius Dvořák au rang de Docteur en Philosophie. Et c’est ce titre de docteur et ce prénom d’Antonius que Dvořák avait choisis de donner au registre d’embarquement. Le compositeur entendait ainsi venir aux Etats-Unis en héritier d’une culture enracinée en Europe, et dépasser enfin la querelle avec Simrock – son éditeur prussien qu’il a laissé brouillé outre-Atlantique – au sujet de l’orthographe véritable de son prénom. Antonín pour les Tchèques, Anton pour les Allemands, Antal pour les Hongrois, Antoine pour les Français ? Eh bien, son prénom sera Antonius, le temps d’un voyage.

Il posa un regard abstrus sur son fils, prénommé comme lui Antonín. Le garçon avait pu conserver son prénom original pour la traversée, faisant ainsi l’économie du diminutif Tonik. Anna intercepta le regard de son mari.

- Allez, les enfants, il faut partir maintenant. Dites au revoir. Merci, capitaine.

Le départ d’Antonín et sa sœur Otylie entraîna celui de Josef Kovařík. Le jeune homme tout juste âgé de 22 ans, lui aussi musicien, s’était joint aux Dvořák pour le voyage. Il connaissait déjà l'Amérique et sera un guide utile. Sa propre famille, comme celles de beaucoup d'autres émigrés tchèques, était installée dans une cité nommée Spillville, dans l'état d’Iowa. C'est là-bas qu’il escompte se rendre sitôt débarqué, puis plus tard d'y inviter le compositeur et les siens (10). Pour l'heure, Kovařík se demande comment les Dvořák, si attachés à la nature et peu à l’aise en milieu urbain, appréhenderont la frénétique vie new-yorkaise. Mais sa première urgence est d'une autre nature. Il s'agit d’assurer une sortie honorable du salon des premières, en dépit de la houle tenace.

- Ainsi, vous êtes docteur en philosophie. Sur quoi a porté votre thèse de doctorat ?

Francis Brown désirait lui aussi regagner ses quartiers et se mettre au repos en attendant une salutaire et hypothétique accalmie, mais son étrange compagnon de voyage avait piqué sa curiosité.

- Ma thèse ? Non. Pas de thèse. Doctor Honoris Causa. Honorifique !

- Ah !… Mais votre discours de réception, sur quoi a-t-il donc porté ?

Brown entendit une réponse confuse où il était question d’ouvertures, de nature, de carnaval et de symphonie en sol. Puis Dvořák évoqua pêle-mêle William Shakespeare et le kaiser Franz Joseph. Il fit même mention d’un discours en satané latin à l’Université de Cambridge. (11) Le théologien, interdit, rechercha un instant ses mots. Il ouvrit la bouche, la referma, et jugea en définitive préférable de prendre congé. Son visage reflétait un mélange de lassitude et de perplexité.

Désormais seul avec le capitaine, le compositeur continuait à parler tout en savourant sa liqueur.

Master Ringt réalisait obscurément que le discours portait à présent sur les Indiens Peaux-Rouges. Une histoire paraissait avoir marqué l’Autrichien, quelque chose comme le « champ de Ailla-Ouate », fils du vent et amoureux d'une certaine Mine-haha au destin tragique.

Le capitaine conclut en son for intérieur qu’il devait s’agir d’une nouvelle aventure de l'Apache Winnetou. Qui d’autre que le célébrissime Karl May aurait pu décrire avec un pareil talent les grands espaces peuplés de Peaux-Rouges inquiétants, heureusement civilisés au contact de chrétiens blancs comme Old Shatterland ? (12)

- Paré à l’accostage ! Coupez les moteurs !

Le sifflet criard du chef d’équipage mit aussitôt fin aux réflexions du capitaine. L’ultime manœuvre venait de s’achever, sonnant la fin d'un voyage sans histoire. Dans quelques minutes, les deux-cent quatre-vingt dix huit adultes, vingt-et-un enfants et quatre nourrissons des première et deuxième cabines entreprendront de débarquer sur Ellis Island, suivis par les centaines d’émigrants logés dans le confort précaire de la troisième classe. Outre les formalités administratives de l'immigration, une journée de quarantaine sera obligatoire pour tout ce beau monde. Puis la cité new-yorkaise s’offrira à eux.

- Papa ! Pourquoi est-ce que tu ne construis pas toi aussi une statue comme Felix Mendelssohn ?

Ringt reconnu la voix du fils du compositeur tchèque, quelque part dans la foule sur le point de débarquer. Une voix féminine lui répondit.

- Ce n’est pas le même Bartholdi, chéri. Celui de la statue est Français. Mais ton père laissera lui aussi quelque chose d’extraordinaire aux Américains. N’est-ce pas, Dr Antonius ?

Et c’est ce qui devait arriver. (13)

Alain Chotil-Fani, avril 2013

NOTES

(1) Aujourd’hui, Liberty Island.

(2) Le S. S. Saale assure la traversée vers New York depuis Brême ou la Méditerranée jusqu’à la fin du siècle. Le 30 juin 1900, il est gravement endommagé par le grand incendie du port d’Hoboken. Plusieurs dizaines d’hommes d’équipage périssent (voir www.pier3.org). Le navire est alors revendu à la Luckenbach Line, American flag. Sous le nom de J. L. Luckenbach, il est affecté au transport de fret. En 1924, il est rebaptisé Princess, puis Madison, avant d’être démantelé en Italie cette même année.Voir www.ellisisland.org. Ce site propose aussi la liste des passagers ayant débarqué sur l’île Ellis. Dvořák est enregistré comme le numéro 31 sur le registre du S. S. Saale daté du 26 septembre 1892.

(3) Sur la saison des ouragans 1892, voir www.aoml.noaa.gov/general/lib/lib1/nhclib/mwreviews/1892.pdf. A noter que, sans doute dans la fièvre de l’arrivée, la trajectoire du cinquième cyclone n’est pas exactement celle que l’on a indiquée au capitaine, puisque la tempête ne traversa nullement la péninsule du Yucatán.

(4) La boutade de Ringt trouvera cependant une concrétisation près d’un siècle plus tard. L’échelle de Dvorak est aujourd’hui fréquemment utilisée pour catégoriser les ouragans en fonction de leur intensité.

(5) La symphonie Neptune est restée à l’état de projet (numéro de catalogue B. 402, 1893), tout comme le Concerto pour orchestre de cette même année (B. 413). Dvořák envisageait en effet une œuvre concertante où chaque mouvement aurait son propre soliste.

(6) Dudley Buck (1839-1909) fut le professeur du jeune Charles Ives. Il composa de nombreuses pièces pour orgue.

(7) Albert H. Munsel (1858-1918) laissera à la postérité un système de notation des couleurs, encore utilisé de nos jours.

(8) Né en Allemagne, Louis Diederich et sa famille s’installent à Baltimore. Ce peintre autodidacte étudie ensuite au Maryland Institute of Art avant d’en devenir un professeur. Il sera le peintre du sénat américain.

(9) Théologien célèbre de son temps, Francis Brown (1849-1916) est titulaire d’un doctorat en philosophie décerné par le Hamilton College (1884). Il obtient le titre de docteur en divinité (!) auprès du Darmouth College (1884), de l’Université de Yale (1894), de l’Université de Glasgow (1901), de Williams College (1908) et de Harvard (1909). En 1901, Oxford lui accorde un doctorat de littérature alors que Darmouth le nomme Docteur ès lois. En 1911, il est accusé d’hérésie mais l’instruction le blanchit. Son fils Julius Arthur Brown enseignera au Liban.

(10) Dvořák acceptera l’invitation de Kovařík et passera ses vacances d’été 1893 à Spillville. Il y composera ses quatuor et quintette dits Américains.

(11) L’Université Tchèque Charles Ferdinand de Prague décerne à « Antonius Dvořák » le diplôme de docteur honorifique en philosophie le 17 mars 1891, après une longue attente de l’accord de l’empereur François-Joseph. Trois mois plus tard, il est cette fois reçu Docteur Honoris Causa de l’Université de Cambridge. La cérémonie a lieu en latin, devant un Dvořák embarrassé : « J’écoutais à gauche, à droite, et je n’arrivais pas à savoir ce que je devais écouter. Quand enfin je compris que l’on s’adressait à moi je fus comme pétrifié. J’avais honte de ne pas savoir parler latin. ». Dvořák dédie en témoignage de reconnaissance son ouverture Carnaval à l’Université Charles Ferdinand de Prague, et l’ouverture Dans la nature à l’Université de Cambridge. Il gratifie cette dernière de sa Huitième symphonie en sol majeurqu’il choisit de diriger en guise de discours de réception. La troisième ouverture de ce même cycle, Othello, se réfère naturellement au personnage de Shakespeare. Voir dans le livre Un musicien par-delà les frontières, le chapitre consacré aux Honneurs impériaux et internationaux.

(12) Alors que Ringt évoque le héros indien de Karl May, écrivain populaire allemand n’ayant jamais mis les pieds en Amérique avant 1908, Dvořák parle évidemment du merveilleux Chant de Hiawatha de Longfellow, qu'il connaissait de longue date. Ce long poème servira d'inspiration à plusieurs de ses œuvres américaines.

(13) Dès le mois de décembre, Dvořák entreprend l'écriture de la Symphonie du Nouveau Monde, qui sera donnée en première en décembre 1893, soulevant un enthousiasme immense. Voir l'article Ce jour-là, notre monde changea. Si tous les dialogues sont fictifs, le nom et les attributions des différents personnages de cette nouvelle sont rigoureusement authentiques. 

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