Il y a quelques temps, j’ai vu un tableau de Jan Kolata sur internet, et je me suis dit que j’aimerais bien en savoir plus sur le travail, fait de transparences et de couleurs, de cet artiste. La même chose est arrivée à la galerie Le Feuvre. Aujourd'hui, pour la première fois à Paris, ce lieu d’exposition présente les œuvres, anciennes et récentes, de Jan Kolata.
Jan Kolata en quelques dates
Jan Kolata est un artiste allemand, né en 1949. Entre 1970 et 1977, il fréquente la Kunstakademie de Düsseldorf, son professeur est le célèbre peintre Gerhard Richter. Le jeune artiste est accueilli dans plusieurs résidences d’artistes, en Russie, en France, en Slovénie et en Suisse. Kolata devient à son tour enseignant, tout en continuant sa carrière de peintre. Aujourd’hui l’artiste, qui multiplie les expositions, vit et travaille à Düsseldorf.
Eloge de la raclette
Quand il était étudiant, Kolata avait déjà l’amour de la matière, cela ne l’a jamais quitté. L’art de Kolata pourrait se résumer en un mot, au pluriel : métamorphoses. Le peintre ne cesse de les multiplier, grâce à une technique très singulière, qui éclaire toute son œuvre. Kolata commence à travailler à la peinture à l’huile, mais à la suite de sérieuses migraines, il l’abandonne pour l’acrylique, qui a l’avantage de sécher rapidement. Il utilise des pinceaux larges, mais surtout des raclettes avec lesquelles on nettoie les vitres, des chiffons, des éponges et même une ponceuse, le voici au travail dans son atelier.
Une technique originale
Le plus important dans les travaux de Kolata, c’est le hasard, ce qui n’empêche pas le peintre d’intervenir, par la suite, comme il l’entend. Il aime se laisser surprendre. Au départ, il verse, souvent sans regarder, de la peinture sur la toile, puis il récupère ce revêtement en le raclant. Il multiplie les couches, en créant parfois des flaques de peinture. La loi de la chimie intervient. Elle mélange les couleurs, composant des formes. Couche après couche, des transparences apparaissent, des jeux de couleurs s’affirment. Kolata pratique un peu comme une partie de ping-pong pictural, le hasard lui envoie la balle et lui répond, jusqu’à l’obtention d’un résultat satisfaisant. Parfois, le peintre s’autorise un geste brusque, imprévu, afin de créer une rupture. J’observe ce grand tableau dans lequel les formes abstraites semblent s'attirer ou se repousser, un monde se crée ou se disloque : allez savoir.
Connexions
Je passe d’un tableau à l’autre. Je suis frappé par l’omniprésence de formes, qui m’évoquent un cerveau ou des connexions neuronales. Certaines toiles ressemblent à des volutes de fumée, d’autres à un monde sous-marin. En réalité, c’est l’avantage de l’art abstrait, chaque visiteur entre dans l’œuvre et fait son propre voyage. Les très nombreuses imbrications colorées de Kolata sont avant tout un appel au rêve.
Couleur et chorégraphie
Kolata ne fait jamais de dessin préparatoire. Petit à petit, couche après couche, récupération après récupération, flaque après flaque, ligne après ligne, trace après trace, c’est la toile elle-même qui s’impose et devient une réussite. Mais cela oblige l’artiste à travailler vite, afin que que les couleurs dialoguent entre elles. Quand il racle ses couleurs, l’engagement du corps est très important, surtout la rotation des genoux. Muni de sa raclette à long manche, le peintre se fait chorégraphe, au service de la matière.
Histoire de l’art
Chaque toile de Kolata est une expérience visuelle, chargée d’émotion. Son œuvre pousse à la réflexion, voire à la méditation. Mais je remarque vite que le peintre, malgré son jeu avec le hasard, possède un grand sens de la composition. Durant ses études, il a appris l’histoire de l’art et cela se retrouve ici, dans son souci de construction entre les différentes formes abstraites, qui composent son tableau. La petite tâche marron, à droite, vient rééquilibrer la toile et répond à la forme blanche, à gauche.
J’ai été très heureux de découvrir les frôlements et les enchevêtrements colorés de Jan Kolata, et de connaître les secrets de fabrication d’un peintre qui fréquente plus les magasins de bricolage, que les boutiques spécialisées pour artistes. Cette première exposition à Paris est une réussite.
Galerie le Feuvre : 164 rue du Faubourg Saint Honoré
Du mardi au vendredi : 11h à 19h /Samedi : 13h30 à 19h
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