Poétiques de l'amour. Sexualité, genre, pouvoir. XIe-XVe siècle

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Un livre de Joël Blanchard. 

Jean-Joël Brégeon

Publié le 11/09/2022 à 11h01, mis à jour le 11/09/2022 à 11h01 • Lecture 1 min.

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Poétiques de l'amour. Sexualité, genre, pouvoir. XIe-XVe siècle. Joël Blanchard, Passés composés, 2022, 366 p., 22 €

Judaïsme, christianisme et islam ont d'emblée entretenu des rapports complexes avec la vie amoureuse et sexuelle. Le christianisme médiéval a vu se multiplier les débats théologiques, les controverses éthiques et philosophiques, tout en recherchant une rhétorique et une poétique acceptables pour l'Église. 

Tout ou presque a tourné autour de l'amour courtois, la fin'Amor des troubadours. Mais bien avant, les clercs du VIe siècle, au Mont-Cassin, avaient consacré une part de leur temps aux auteurs licencieux, sinon hédonistes, fleurons de la littérature latine : Catulle, Horace, Ovide, Properce... Cependant, ce travail allait à rebours de l'enseignement de saint Paul, qui dépistait la fornication, vantait le seul mariage et, mieux encore, l'abstinence. Saint Augustin - qui savait de quoi il parlait - maudissait la concupiscence. Les ordres mendiants (Franciscains, Dominicains) diffusaient ces interdits. 

Blanchard accorde une large place au Roman de la Rose (1230-1280) de Guillaume de Lorris et de Jean de Meung, qui parlent d'un verger où s'ébattent l'Oisiveté, la Beauté, la Courtoisie, soit une vraie « cour de Plaisir ». Diffusé à plus de 300 exemplaires, lu dans toutes les cours, le Roman de la Rose a suscité la « première controverse de notre histoire littéraire », critiqué par Jean Gerson et Christine de Pizan. En attendant, Boccace (auteur du Décaméron, en 1349) et de Chauceur (Les contes de Canterbury, en 1380), qui restituent aux femmes leur place dans les débats amoureux. Un essai savant, mais qui se lit d'une seule traite.