Savoir et pouvoir en Al-Andalus au XIe siècle

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Un livre d’Emmanuelle Tixier du Mesnil.

François Kasbi

Publié le 21/10/2022 à 08h41, mis à jour le 21/10/2022 à 08h41 • Lecture 1 min.

Savoir et pouvoir en Al-Andalus au XIe siècle. Emmanuelle Tixier du Mesnil, Seuil, 2022, 416 p., 24,50 €

Al-Andalus, cet « appendice sud de la péninsule européenne, extrémité ouest du dar al-­islam », « île arabe sise entre Maghreb berbère et chrétienté barbare », est une terre dont toute l’histoire est médiévale (de 711, la conquête arabe, à 1492, la chute de Grenade). L’histoire interrompue de cette « île » a donné naissance à un mythe, indissociable de la fameuse « tolérance andalouse ». Ce motif est le lointain héritier d’une identité assignée dès l’époque médiévale à l’Espagne islamique afin, en particulier, de la distinguer du Maghreb : celle d’une terre savante. À cet égard, le califat omeyyade de Cordoue (929-1031) fait figure d’âge d’or. Et sa disparition à l’issue d’une guerre civile (1009-1031) a provoqué la division politique du territoire en plusieurs principautés, les royaumes de Taifas, soumis, à partir de 1090, par les Berbères almoravides.

Fin des Taifas. Qu’en reste-t-il ? Une production intellectuelle exceptionnelle, née avec la splendeur du califat, et qui culmine avec eux (1031-1090). Leur disparition, signe de la fragilité de l’Islam dans la péninsule, coïncide avec la naissance inquiète, protéiforme, d’une identité andalouse, conscience commune dont la définition est un axe du livre. L’efflorescence du savoir, son encouragement au cœur de l’établissement du pouvoir des Taifas, fut une manière alternative de poursuivre le rêve impérial du califat. La mise sous tutelle d’al-Andalus affaibli, par les Almoravides, et cette production inouïe de culture qui atteste, paradoxalement, sa vigueur, sont le point nodal de la somme prodigieuse d’Emmanuelle Tixier du Mesnil.