Olivier Grenouillau - L'invention du travail (Cerf, 2022)

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D’emblée, Olivier Grenouilleau nous donne sa définition du travail : « une activité volontaire et orientée, plus ou moins issue de la nécessité, et donc productrice, mais aussi créatrice ». En fait, nous vivons sur une vision binaire du travail, héritée de la Bible, de l’Antiquité et, au travers des Lumières, de la révolution industrielle, qui en a fait une forme de coercition pour les travailleurs. L’auteur sait de quoi il parle puisqu’il est, en France, le meilleur connaisseur de la traite négrière et de l’esclavage aux Antilles.

Dans cet ouvrage, il élargit dans le temps son champ d’observation, mais en restant dans l’aire atlantique, de l’Europe à l’Amérique. Rétif à une histoire conceptuelle à l’excès, il lui préfère une démarche « contextualisée et compréhensive ». Il insiste sur les temps d’hésitation, de contradiction dans la vision du travail.

Malédiction ou rédemption ? Les hommes de la Préhistoire ne s’interrogeaient pas, ils réfléchirent à la technique du travail et se dotèrent d’outils. Mais, de la Mésopotamie – l’un des berceaux de l’agriculture – à l’Antiquité gréco-latine, le travail fut d’abord l’affaire des esclaves.

Les Romains pouvaient jouir de l’otium, c’est-à-dire du temps libre. Grenouilleau stigmatise l’injonction tirée de la Genèse : « À la sueur de ton visage tu mangeras ton pain. » Il y voit un « formidable alibi offert […] à tous les exploiteurs de l’histoire ». Autant dire le capitalisme. Mais la notion de travail est polymorphe, elle côtoie le pire et le meilleur.

Un essai capital (sans jeu de mots), qui remet les pendules à l’heure