Réinventer l’école en développant des travaux vieux d’un siècle

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Publié le 15 juillet 2014

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© Rapahël Drommelschlager

Professeure des écoles et linguiste de formation, Céline Alvarez a développé les travaux visionnaires de Maria Montessori, en les mettant au goût du jour avec les dernières découvertes des sciences cognitives et de la linguistique française. Résultat : les enfants apprennent mieux et plus vite.

Le petit garçon semble captivé. Inlassablement, son doigt suit le contour rugueux de la lettre « M » tandis qu’il répète : « mmmm, mmmm. » Puis il passe au « U », au « R ». Soudain, son visage s’éclaire : « Mmmurrrr. Mur ! », s’exclame-t-il, victorieux.

Théophile vient d’avoir 4 ans et commence à lire. Un an plus tôt, il ne parlait pas le français. Il fait partie des vingt-cinq élèves de la classe maternelle expérimentale de Céline Alvarez.

En 2011, à 31 ans, elle s’est promis de faire bouger l’école de l’intérieur : impossible de se résigner à ce que 40 % des élèves sortent de CM2 avec de graves lacunes ! Elle clame que tout se joue avant 6 ans.

Elle se fait aussi fort de montrer qu’avec d’autres méthodes – scientifiques et déjà éprouvées – on peut changer la donne. Au ministère de l’Éducation nationale, la pasionaria dérange mais intrigue. S’il existe une chance qu’elle ait raison, peut-on passer à côté ?

Céline Alvarez obtient ce qu’elle demande : une classe d’enfants de 3 à 6 ans en zone d’éducation prioritaire, à Gennevilliers (Hauts-de- Seine). Et carte blanche pendant trois ans avec évaluation scientifique annuelle. Ici, le matériel est surtout sensoriel.

Chaque enfant choisit son activité, qu’il mène seul ou à plusieurs : associer une image à un mot, former le puzzle des continents, boutonner un tissu… « En donnant à trois camarades le même nombre de cubes, de carrés, de bâtons et de billes [représentant les milliers, les centaines, les dizaines et les unités], l’enfant comprend concrètement ce qu’est une division », précise Céline Alvarez.

Les zones de mémorisation du cerveau s’activent grâce aux gestes effectués. « Pour apprendre, l’être humain doit être attentif, engagé. Il doit recevoir un retour d’information sur ce qu’il est en train de faire et pouvoir répéter sa tâche. C’est scientifiquement fondé. »

Résultats ? Dès la première année, les élèves sont autonomes, épanouis. Ils ont plusieurs mois d’avance sur la « norme ». Les plus âgés savent lire. 

À Gennevilliers, la classe est désormais terminée. Céline Alvarez, ainsi qu’une équipe pédagogique et scientifique, travaillent d’ores et déjà à la modélisation de cette expérience, afin qu’elle puisse être duplicable partout.

Pour en savoir plus sur le projet de Céline Alvarez, découvrez le blog de sa classe, ici.

Céline Lison