Un conservateur de l'Accademia Carrara à Bergame vient de réattribuer La Résurrection du Christ (1492-1493) à Andrea Mantegna, une œuvre considérée comme une copie pendant des décennies.
Alors qu’il procédait au recollement des collections en vue de l’édition du catalogue raisonné des collections de peintures des Trecento et Quattrocento du musée, le conservateur Giovanni Valagussa a découvert un véritable trésor dans les réserves. La Résurrection du Christ, une tempera sur toile d’une grande qualité pourtant considérée comme une copie d’un tableau perdu de l’artiste de la Renaissance italienne Andrea Mantegna (1431-1506), patientait dans les réserves de l’Accademia Carrarara de Bergame depuis son acquisition en 1866. Alors qu’à l’origine le tableau était attribué à Mantegna, plusieurs historiens, dont le spécialiste de la Renaissance italienne Bernard Berenson, ont remis en cause la paternité du tableau, considérant que les restaurations avaient altéré sa qualité, voire qu’il s’agissait d’une œuvre de l’atelier du maître.
Le tableau a ensuite été oublié jusqu’à ce que Giovanni Valagussa ne le retrouve et soit impressionné par sa qualité d’exécution, qui dépassait largement celle d’une simple copie. C’est un discret motif iconographique qui a permis de relancer l’enquête sur son attribution. Dans la partie inférieure de la composition, apparaît en effet la pointe d’une croix qui s’apparente à celle présente à l’extrémité de la bannière tenue par le Christ Ressuscité lors, notamment, de l’épisode de la Descente aux Limbes. La présence de cette croix ne s’explique donc que si La Résurrection de Bergame est en réalité la partie supérieure d’une composition plus large qui établissait initialement un parallèle avec un autre épisode de la vie du Christ, et dans laquelle l’étendard tenait lieu d’élément de liaison.
Partant de cette hypothèse, le conservateur a réussi à établir un lien entre cette toile et le tableau intitulé La Descente aux Limbes, passé en vente chez Sotheby’s en 2003 et actuellement conservé dans une collection particulière. Celui représente en effet le Christ descendant en Enfer, après sa mort et sa Résurrection, pour libérer les âmes des Justes, tenant dans sa main gauche la hampe d’une bannière dont l’extrémité supérieure est tronquée. Après vérification, il est apparu que les compositions des deux toiles concordent parfaitement et que la Résurrection constitue donc la partie supérieure de la Descente aux Limbes. Cette découverte a ainsi permis à Giovanni Valagussa de réattribuer la toile de Bergame à Mantegna, une identification rapidement validée par le plus grand expert de l’œuvre de l’artiste, Keith Christiansen. Une étude de l’arrière du tableau a achevé de convaincre les spécialistes de la paternité de l’artiste, puisqu’elle révèle qu’un tasseau de bois, destiné à prévenir la déformation de la toile en stabilisant la structure, a été placé au centre de la toile. Or, ce type de renforts était habituellement placé en haut et en bas du verso de la peinture, au niveau des zones les plus fragiles. Cet élément vient renforcer l’idée selon laquelle la Résurrection de Bergame est bien la partie supérieure d’une composition plus large qui a été divisée en plusieurs panneaux. Les artistes de la Renaissance étaient parfois amenés à découper leurs toiles pour satisfaire à certaines contraintes décoratives. Dans le cas présent, la célébrité du nom de Mantegna a permis que la partie découpée soit malgré tout sauvée, sinon de l’oubli, du moins de la destruction. Alors que les attributions ou réattributions déclenchent généralement de vives polémiques, les experts semblent s’accorder sur le cas de la Résurrection de Bergame, pour le plus grand bonheur de l’Accademia Carrara qui va pouvoir sortir des réserves ce trésor exceptionnel, gardé loin des yeux du public pendant des années.
Pentru a putea adăuga comentarii trebuie să fii membru al altmarius !
Alătură-te reţelei altmarius