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Pierre Soulages : « Je plaide pour une peinture ouverte, qui va sans se préoccuper de toute la culture qu’on a reçue »

Par et • le 26 octobre 2022
Peintre de l’abstraction, inventeur de l’Outrenoir, dompteur de lumière, Pierre Soulages est mort dans la nuit du 25 au 26 octobre, à l’âge de 102 ans. Nous l’avions rencontré chez lui, à Sète, en 2019 à l’occasion d’une grande exposition de son œuvre au musée du Louvre.
Pierre Soulages au musée Soulages à Rodez, en 2014.
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Pierre Soulages au musée Soulages à Rodez, en 2014.

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© Photo Vincent Cunillère pour Beaux Arts Magazine. / © ADAGP, Paris 2022



« Nous sommes tombés amoureux d’un horizon vide. » Il y a soixante ans, en concevant leur maison, Pierre et Colette Soulages ont défini ensemble « une manière de vivre », sur les hauteurs de Sète, face à un « horizon vide », la mer Méditerranée. « Comme cet horizon, du mobilier aux objets, rien n’y a changé depuis les années 1960 », me confient les Soulages. Ce dont je peux témoigner, pour être venu voilà tout juste dix ans dans ce lieu qui dégage une formidable permanence tout en étant profondément contemporain. J’y avais réalisé déjà un entretien avec le maître de l’Outrenoir à l’occasion de sa deuxième rétrospective au Centre Pompidou. On dit souvent que l’endroit où l’on vit nous ressemble… La maison de Colette et Pierre Soulages est une sorte de représentation en trois dimensions de l’œuvre, ou plutôt de l’esprit de l’œuvre de cet artiste né à Rodez, dans l’Aveyron, le 24 décembre 1919.

Un couple fusionnel


Pierre et Colette Soulages chez eux à Sète, en 2019.
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Pierre et Colette Soulages chez eux à Sète, en 2019.

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© Photo Vincent Cunillère pour Beaux Arts Magazine.



Ce 6 juin 2019 donc, en compagnie de Solène de Bure, responsable éditoriale de Beaux Arts Éditions, je suis à la fois ravi et inquiet de venir déjeuner chez eux : je ne les ai pas vus en tête à tête depuis longtemps, j’espère être à la hauteur car je sais combien ils sont exigeants et je me fais du souci pour leur santé. Ils sont tous deux centenaires ! Je n’ai jamais rencontré un centenaire ni, encore moins, un artiste qui le soit… Peut-être que dans quelques années, grâce aux progrès de la médecine, tout cela semblera très banal. Mais aujourd’hui, j’ai le sentiment de vivre quelque chose d’exceptionnel. D’abord parce que je suis face à un couple incroyable. Pierre Soulages n’existerait sans doute pas sans Colette, son indéfectible épouse depuis 1942 qui, bien que d’une extrême discrétion, joue un rôle majeur dans l’œuvre de son mari. De petite taille alors que lui est un géant, elle se souvient des moindres détails du parcours de son époux, quand lui oublie facilement les dates et les noms. Tous deux vêtus de noir, ils forment un couple fabuleusement fusionnel, tout en étant très différents. Une question me taraude : à 100 ans, Pierre Soulages parvient-il encore à travailler ? Oui ! Trois fois oui ! Bien sûr, Colette et Pierre se déplacent difficilement, entendent parfois mal et notre discussion est émaillée de quelques absences, mais ils demeurent vifs et animés, notamment par leur amour de la cuisine et du vin, et toujours aussi concentrés sur l’œuvre de Pierre.

À lire aussi : Qui était Pierre Soulages, mort à l'âge de 102 ans ?

Dans l’atelier dos à la mer

Quand il parle de son travail ou quand je lui rappelle des paroles qu’il a dites il y a trente ou quarante ans, Colette écoute attentivement et corrige avec précision un prénom ou un événement. Ce qui frappe, c’est la permanence des propos. Soulages ne se livre jamais tout à fait, répète sans cesse des mots, des concepts très maîtrisés, établis vraisemblablement après de longues discussions avec Colette mais aussi avec le critique d’art Pierre Encrevé – dont la disparition récente l’a profondément affecté –, qui l’a toujours accompagné, tout comme Alfred Pacquement, ancien directeur du musée national d’Art moderne, commissaire avec Pierre Encrevé de l’exposition au musée du Louvre.

À la fin du déjeuner, Pierre nous emmène en contrebas de la maison, dans son atelier installé dos à la mer pour ne pas « être perturbé par la beauté de l’horizon ». Un espace fermé mais lumineux où il continue à travailler seul avec son assistant chargé de déplacer les toiles et de l’aider dans des tâches matérielles. Dans ce lieu, Soulages devient immense, transmet sa jubilation à peindre et déploie une force physique insoupçonnée pour continuer à créer de grandes toiles. Offrant sans cesse de nouveaux horizons à son Outrenoir.


Peinture 162 x 114 cm, 28 décembre 1959
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Peinture 162 × 114 cm, 28 décembre 1959

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Soulages poursuit le dialogue du noir et de la couleur et expérimente ici la technique du « raclage ». Le blanc et le bleu sont posés sur la toile en premier, avant d’être recouverts d’un noir épais qui sera arraché au couteau pour faire apparaître la couleur.

Huile sur toile • Donation Pierre et Colette Soulages / Coll. musée Fabre, Montpellier © Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole / Photo Frédéric Jaulmes / © ADAGP, Paris 2022




Pierre Soulages vers 1931-1932, au lycée Foch de Rodez.
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Pierre Soulages vers 1931–1932, au lycée Foch de Rodez.

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© Amicale des Anciens élèves du lycée Foch, Rodez. Coll. Médiathèque de l’architecture et du Patrimoine, Paris



Dès votre plus jeune âge (vers 7 ou 8 ans), vous dessiniez des paysages de neige avec des traits noirs… À quel moment avez-vous commencé à vous définir en tant que peintre ?

Pierre Soulages : « J’aimais beaucoup les arbres l’hiver, sans feuilles. Je faisais des traces noires sur le papier, de la neige. Je rendais le blanc du papier plus blanc en mettant du noir.

Le noir a-t-il toujours été votre couleur ?

Ce fut la couleur de mes vêtements dès que j’ai pu les choisir. Ma mère était outrée. Elle me disait : « Tu veux déjà porter mon deuil ? » Le noir est la première couleur de l’histoire de l’art. Avec la lumière sont nées les couleurs, mais le noir leur est antérieur. En 1979, j’ai appelé mes toiles « Outrenoirs » en réaction au « noir lumière », qui est une illusion d’optique. « Outrenoir », pour « au-delà du noir ». J’ai inventé ce mot sur le même modèle que « outre- Manche ». C’est une définition artistique, un autre pays que celui du noir. L’Outrenoir désigne un champ mental, atteint par ce phénomène de la couleur qui a la plus grande absence de couleur et qu’on appelle le noir. Mais il émet, par reflets, une lumière. Une partie de l’émotion ressentie provient de là. Ce qui compte, c’est le champ mental atteint et non le phénomène optique.


Dans son atelier parisien, 11 bis, rue Schoelcher, en 1954.
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Dans son atelier parisien, 11 bis, rue Schoelcher, en 1954.

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© Ministère de la Culture – Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist.



À lire aussi : Pierre Soulages : dans les coulisses de la création, en 1981

« La lumière vient du tableau et celui qui regarde se retrouve non plus devant mais dans l’espace de la toile.  »

Pierre Soulages

Comment doit-on regarder une œuvre de Soulages ?

C’est le spectateur lui-même qui, à travers ses émotions, construit le sens d’une œuvre. La notion de champ mental est une manière de désigner la dynamique des émotions et de la pensée qui s’empare de nous devant une œuvre. Une œuvre d’art n’est pas l’équivalent d’une émotion, d’une sensation, d’un sentiment, elle n’est pas une communication. Sur elle, les sens viennent se faire et se défaire et ils appartiennent à chacun. La lumière vient du tableau et celui qui regarde se retrouve non plus devant mais dans l’espace de la toile. Plus le format est grand, plus l’effet est évident. Du coup, l’espace de la toile n’est plus sur le mur comme dans la peinture traditionnelle, ou derrière comme dans une perspective. Il est devant. C’est une façon qu’a la peinture d’entretenir un rapport différent avec l’espace.


Peinture 112 x 181 cm, 20 juillet 2019
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Peinture 112 x 181 cm, 20 juillet 2019

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Réalisée cet été, la toile offre un bel exemple des surprises de l’Outrenoir, avec sa surface lisse scandée par de larges et profondes touches creuses qui absorbent la lumière pour mieux la refléter.

Acrylique sur toile. • Donation Pierre et Colette Soulages / Coll. musée Fabre, Montpellier © Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole / Photo Frédéric Jaulmes / © ADAGP, Paris 2022



Vous parlez souvent de « chose » pour désigner vos tableaux. Pourquoi ?

Un tableau est une chose, et je voulais notamment indiquer son côté matériel en faisant des dimensions de mes tableaux leur titre. La date est secondaire mais sert à distinguer deux dimensions semblables. J’ai instauré cette pratique dès 1947. C’est toujours pour indiquer que les toiles sont une chose réelle, concrète et que l’on peut toucher, que je les ai accrochées entre sol et plafond. Quand on le met dans l’espace, le tableau devient mur. Je préfère qu’il soit un mur plutôt qu’une fenêtre. Après l’exposition au Centre Pompidou en 2009, qui a reçu plus de 500 000 visiteurs, Alain Badiou a écrit un article sur la différence fondamentale que je faisais entre « la chose » et « l’objet ». « L’objet » se définit comme ayant une fonction, mais « la chose » indique qu’elle est ouverte aux interprétations. Duchamp disait : « Ce sont les regardeurs qui font les tableaux. » Pour moi, ce rapport est triple et non pas double, parce que l’œuvre est un artefact ; c’est un homme qui a fait l’œuvre et c’est un homme qui la regarde.

À lire aussi : Pierre Soulages : dans les coulisses de la création, en 1981


Peinture 390 x 130 cm, 17 mars 2019
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Peinture 390 × 130 cm, 17 mars 2019

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Des stries horizontales ou en diagonale, de différentes épaisseurs, griffent la totalité de la surface de la toile. Naît alors la lumière, insaisissable et infinie.

Acrylique sur toile. • © RMN-GP – Gestion droit d’auteur. Coll. particulière © Photo Vincent Cunillère. / © ADAGP, Paris 2022



Pour vous, que signifie l’abstraction ?

Le figuratif, c’est l’anecdote. Mais je ne combats pas le figuratif. Je ne fais d’ailleurs jamais rien « contre » mais toujours « pour ». L’abstraction est un concept de critique, mais ce n’est pas le mien. Ces querelles, je les ai connues, mais je n’ose pas dire qu’elles m’étaient indifférentes. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui naît de la toile.

Continuez-vous à peindre aujourd’hui ?

Bien sûr, pourquoi m’arrêterais-je ? Non seulement je continue, mais c’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche. Quand je ne dors pas, je pense aux toiles que je vais pouvoir peindre. Je pense à faire des choses différentes, à tenter… L’exposition hommage du Louvre présente aussi des œuvres réalisées en 2019.

Depuis 2014, il existe à Rodez un musée portant votre nom. Pourriez-vous nous rappeler comment est né ce projet dédié à votre œuvre ?

Je suis très heureux du succès de ce musée. Pourtant, au départ, j’ai totalement refusé cette idée d’un musée personnel. Je me suis toujours méfié de ces « mausolées » d’artistes où tout le monde se précipite pendant trois ans, puis qui sombrent dans l’oubli. Pour revenir aux origines du musée de Rodez, il faut évoquer la figure de Georges Frêche, maire de Montpellier de 1977 à 2004. C’est lui qui a décidé d’agrandir le musée Fabre et d’y installer mes œuvres à côté de la salle Courbet, peintre que j’aime tant. À cette occasion, j’avais fait à la fois une donation et un prêt. Georges Frêche m’avait déjà proposé plusieurs sites pour installer un musée qui me soit propre, mais aucun ne me convenait. C’est après avoir eu connaissance de ce projet, bien après la proposition de Georges Frêche, que Marc Censi, le maire de Rodez, est venu me voir. Il m’a demandé ce que devenaient mes cartons de vitraux pour l’abbatiale de Conques. J’ai alors proposé d’offrir à la ville 104 de ces cartons préparatoires. Marc Censi voulait également exposer toute une série de gravures dans un « espace Soulages ». J’ai refusé. Mais il a beaucoup insisté, notamment sur le fait de créer un espace spécial pour le papier, qui nécessite, par sa nature, une lumière plus faible.


Le musée Soulages à Rodez, conçu par RCR arquitectes, a été inauguré en 2014.
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Le musée Soulages à Rodez, conçu par RCR arquitectes, a été inauguré en 2014.

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© Photo Vincent Cunillère



À lire aussi : Soulages en dialogues

Vous avez donc accepté ?

Ce lieu me permettait de montrer mes fameux Brous de noix sur papier, dont aucun musée ne voulait jusqu’alors. Tout cela était donc très tentant et, oui, j’ai fini par accepter, à condition qu’il y ait, dans ce musée qui porterait mon nom, un espace de 500 m2 ouvert à des expositions autres que les miennes. Pour sa création, j’ai fait deux donations importantes, une première en 2005, une seconde en 2011 et, en 2014, un dépôt de peintures de grandes dimensions des années 1956 à 1990 : 55 peintures sur toile, 117 peintures sur papier, 140 estampes, des bronzes, les cartons grandeur nature et, comme je vous l’ai dit, les échantillons des vitraux de Conques…


Peinture 186 x 143 cm, 23 décembre 1959
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Peinture 186 × 143 cm, 23 décembre 1959

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Adjugée le 15 novembre 2018 chez Christie’s, à New York,
pour 9,2 millions d’euros à un collectionneur privé (ce qui fait de Soulages
l’artiste français le plus cher au monde), l’œuvre est exposée au musée Fabre pour une durée minimum de vingt-quatre mois.

Huile sur toile • Coll. particulière © Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole / Photo Frédéric Jaulmes / © ADAGP, Paris 2022



Quelle signification revêt à vos yeux cette abbatiale ?

Conques, ce fut ma première émotion artistique, lors d’un voyage scolaire. C’est là, à 12 ans, devant la beauté de l’espace intérieur architectural, que j’ai décidé que l’art serait ma vie. L’art pictural et non architectural. Lorsque j’étais élève au lycée, j’avais gardé une photo d’une peinture préhistorique vieille de 180 siècles qui me fascinait ! À Rodez, le musée Fenaille conserve des statues-menhirs qui m’avaient bouleversé bien plus que la Vénus de Milo par leur maladresse et par la volonté de ces gens qui avaient tenté de donner vie à un bloc de pierre inerte. Je m’intéressais aussi à l’art du Moyen Âge et à cette victoire, que je considérais presque comme une erreur : l’illusion de la profondeur par la perspective. L’illusion est le contraire de l’art. Mes premiers Brous de noix n’étaient pas faits consciemment. Mais quand on les regarde aujourd’hui, ils semblent plutôt proches des statues-menhirs de mon enfance. Je plaide pour une peinture ouverte, qui va sans se préoccuper de toute la culture qu’on a reçue. C’est formidable de former des artistes, mais, au fond, les artistes se font par eux-mêmes. C’est une activité d’ordre intime.

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