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Publié le 02 octobre 2014


http://www.nationalgeographic.fr/13049-pelerinage-vers-les-sources-...

Telle cette femme en route vers le temple de Kedarnath, nombre d’Hindous se font un devoir d’effectuer une fois dans leur vie le pèlerinage vers les quatre sanctuaires sacrés du Chota Char Dham Yatra. © Olivier Cirendini

Telle cette femme en route vers le temple de Kedarnath, nombre d’Hindous se font un devoir d’effectuer une fois dans leur vie le pèlerinage vers les quatre sanctuaires sacrés du Chota Char Dham Yatra. © Olivier Cirendini

Pour les Hindous, le pèlerinage vers les sources du Gange est le voyage d’une vie. Notre reporter a marché avec eux sur les rives du fleuve sacré, comme les Beatles il y a un demi-siècle.

« Join us, sir ! » L’invitation vient d’une tête rasée qui dépasse à peine de l’eau. Ils sont des dizaines dans l’écume du courant, accrochés à des chaînes pour ne pas être emportés. C’est

Chaque jour ainsi à Haridwar. Cette ville du nord de l’Inde reçoit en continu des milliers de pèlerins, venus prendre un bain sacré dans les eaux brunes du Gange descendues des monts de l’Himalaya.

© Carte du NGM France

© Carte du NGM France

J’y promène mon étonnement depuis quelques heures seulement, mais on m’a déjà affirmé que cette eau purifie le corps et l’âme, exauce les vœux, et qu’on peut la conserver des années durant sans que les bactéries s’y développent.

Sur les quais, une foule colorée et joyeuse fait des pujas au son continu des mantras. Certains pèlerins viennent de l’autre bout du pays pour effectuer ces cérémonies de purification, puis s’immergent trois fois dans les eaux froides – les hommes en caleçon, les femmes en sari. Au crépuscule, on laisse le flot emporter sa diya, offrande de beurre clarifié et de fleurs disposés dans de frêles esquifs en feuilles de bananier.

Chacun vient ici avec sa quête. Les éclopés alignés n’espèrent plus de guérison mais attendent l’aumône; une future mariée cherche de bons auspices ; des fidèles s’immergent pour améliorer leur karma.

Et moi ? Je suis ici pour les sources du Gange et pour marcher dans les pas d’une génération, pour tenter de saisir l’attrait de la mystique indienne sur les Occidentaux.

J’ai glissé dans mon sac une version de poche du Pèlerinage aux sources, le récit du voyage de Lanza del Vasto. En 1936, ce fils de bonne famille francophone d’origine italienne, en quête de repères, débarque « aux Indes » avec l’idée de rencontrer Gandhi. Il passe trois mois auprès du Mahatma, puis part pour les sources du Gange.

Trois décennies plus tard, ils seront des milliers à s’élancer sur le hippie trail, à expérimenter le yoga, la méditation et la non-violence, en se berçant de mantras et de vapeurs d’encens, voire de quelques hallucinogènes.

Haridwar est un lieu de pèlerinage constant. On vient de toute l’Inde pour s’y purifier. © Olivier Cirendini

Haridwar est un lieu de pèlerinage constant. On vient de toute l’Inde pour s’y purifier. © Olivier Cirendini

Les plus célèbres d’entre eux se prénomment George, Ringo, Paul et John. En 1968, les Beatles séjournent trois mois à Rishikesh, à 25 km au nord de Haridwar, pour s’initier à la méditation transcendantale. Les Fab Four en repartent un peu désorientés par leur gourou indien, mais leur séjour laissera des traces.

Rishikesh s’annonce dès lors comme la « capitale mondiale du yoga ». La ville aligne les centres de méditation, les yoga training centers et autres officines proposant des cours de massage et d’ayurvéda. Tous largement orientés vers une clientèle de jeunes Occidentaux.

Sur le pont suspendu enjambant le fleuve, je croise une foule de touristes indiens, des dévots, des vaches et deux Européens qui suivent un groupe de Hare Krishna en battant des mains.

Des bandes de singes langurs juchés sur les fils électriques contemplent l’ensemble et défèquent à l’occasion sur ce petit monde. En contrebas, des canots de rafting – l’autre cœur de cible de la Rishikesh du XXIe siècle – dessinent des taches colorées sur le fleuve. Karma business…

Pour trouver la paix intérieure, il faudra aller plus loin. Or Haridwar et Rishikesh sont aussi les points de départ du voyage à contre-courant vers les sources du Gange.

Un but un peu chimérique : les quatre rivières qui engendrent le fleuve sacré naissent au cœur d’un immense glacier, mouvant et difficilement accessible, à près de 4 000 m d’altitude sur les contreforts de l’Himalaya.

Pour autant, nombre d’Hindous se font un devoir d’effectuer une fois dans leur vie le Chota Char Dham Yatra, le pèlerinage vers les temples situés près de l’origine de ces rivières.

« Les routes sont longues et dures ; la nourriture, rude et pauvre ; les nuits, glacées sur les hauteurs » : ainsi avait-on décrit le pèlerinage à Lanza del Vasto en 1936. Mon périple débute par huit heures de bus sur de mauvaises routes de montagne. 220 km séparent Rishikesh de Gaurikund.

À Devaprayag, les eaux tumultueuses de la Bhagirathi rencontrent les flots boueux de l’Alaknanda. Le fleuve prend alors le nom de Gange. © Olivier Cirendini

À Devaprayag, les eaux tumultueuses de la Bhagirathi rencontrent les flots boueux de l’Alaknanda. Le fleuve prend alors le nom de Gange. © Olivier Cirendini

Ce bourg, situé à 2 000 m d’altitude, panse encore ses plaies. Un an plus tôt, en juin 2013, une mousson violente a submergé les vallées environnantes, engloutissant des villages entiers et tuant plus de 5 000 personnes.

« Ça a été l’une des plus grandes catastrophes naturelles du pays, rapporte Anshu Gupta, fondateur de l’ONG Goonj, qui vient en aide aux victimes. Le “tsunami de l’Himalaya”, d’après certains. »

Dans un dispensaire baigné du vacarme des perceuses, un médecin à lunettes prend ma tension et me pose quelques questions. Un coup de tampon, et me voilà apte à fouler le sentier de la vallée des dieux. En route pour 1 500 m de dénivelé. Direction : le temple de Kedarnath.

Le chemin de pierraille monte doucement le long du lit de la rivière Mandakini, dont les eaux nourriront le Gange. Au loin, la promesse des cimes enneigées donne du courage aux pèlerins, qui se lancent des exclamations à la gloire de Shiva (Bhole) : « Jai Bhole Ke ! », « Bom Bom Bhole ! » On se salue, on se sourit, on s’adresse des joyeux « Namaste » en joignant les mains devant le visage.

À la pause, je discute avec Narayanam, un fonctionnaire qui a parcouru 3 500 km depuis le Kerala. « Pour voir les lieux saints, mais aussi l’Himalaya ! », dit-il en appuyant son propos de l’énigmatique dodelinement de la tête des Indiens du Sud. Avec ses bas- kets et sa chemise à carreaux, il affiche un look typique de la classe moyenne indienne.

Plus loin, des jeunes branchés de Delhi, lunettes de soleil à la mode sur le nez, prennent, en échange de quelques roupies, des selfies avec un sadhu (ascète) installé dans un repli de roche.

Et puis il y a les plus dévots, chichement vêtus d’orange (la couleur du renoncement), un maigre paquetage sur l’épaule. Nombre d’entre eux arrivent au sanctuaire transis, glissant dans leurs sandales sur la neige des derniers kilomètres.

Non loin du temple de Kedarnath, ce sage s’est couvert le corps de cendres en signe d’humilité. Une pratique fréquente chez les shivaïstes. © Olivier Cirendini

Non loin du temple de Kedarnath, ce sage s’est couvert le corps de cendres en signe d’humilité. Une pratique fréquente chez les shivaïstes. © Olivier Cirendini

À 3 500 m d’altitude, le temple s’annonce avec sa façade couverte de l’éclat orangé des œillets d’Inde. Dans un angle, un groupe de sadhu à demi-nus, barbes hirsutes et corps marqués de cendre, accueillent les pèlerins et dessinent sur leur front des bindi – les marques de poudre de vermillon symbolisant le troisième œil.

Le reste du temps, ils méditent, profitent du soleil dans l’air frais de l’altitude et fument leur chilom, de courtes pipes dont s’échappent d’épaisses volutes de chanvre. Derrière eux, le cours de la rivière se perd dans la majesté immaculée des sommets enneigés. Le sentier s’arrête ici.

Pour s’approcher encore plus près des sources du Gange, il faut faire demi-tour et emprunter la vallée d’un autre de ses affluents. Quelques heures de routes caillouteuses, un nouveau sentier enneigé, un second temple du pèlerinage. Puis, au prix de quelques heures de marche supplémentaires le long du lit de la Bhagirathi,

On atteint le lieu où la rivière se libère de la langue glacée du glacier de Gangotri, à près de 4 000 m d’altitude. Les vraies sources du Gange, selon les dires de beaucoup.

Des groupes de bharals, les moutons de l’Himalaya, regardent d’un air étonné les rares marcheurs qui empruntent ce sentier bordé de cèdres. En contrebas, la rivière gronde. Après Bhojbasa, le tout dernier hameau avant les sources, le temps vire au gris.

Un instant de doute : les sources me seront-elles refusées si près du but ? Les nuages jouent à cache-cache avec la silhouette du Shivling, sommet mythique dressé à 6 543 m au-dessus de la vallée.

La beauté du paysage fait oublier la fatigue. Déjà six heures que je marche quand la neige se met à tomber. Quelques flocons trouvent leur chemin dans mon col. Je sens mon souffle rendu plus court par l’altitude.

Un dernier effort en courbant l’échine sous les bourrasques, et j’arrive enfin au but de mon voyage : un modeste torrent déboulant d’une bouche de glace aux reflets bleutés. « J’ai toujours préféré le voyage au but du voyage », écrivait Lanza del Vasto.

La neige tombe toujours le lendemain lorsque je regagne Gangotri, le pas lourd et le cœur léger. « Umbrella, Sir ! » Un sadhu insiste pour que je lui offre un parapluie. Je sors mes roupies.

Peut-être était-ce cela, le but de mon voyage : acheter un parapluie pour un sadhu transi, dans le tintement des cloches du temple de Gangotri. Aurais-je acquis ici un brin de sagesse ? Qui sait ? Avant de repartir, j’ai pris dans ma gourde un peu d’eau du fleuve sacré.

Olivier Cirendini

 



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