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Paris romantique : Et Paris devient fou

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Paris romantique : Et Paris devient fou Eugène Lami, Scène de Carnaval place de la Concorde, 1834, huile sur toile, 69 x 100 cm, Paris, musée Carnavalet ©Musée Carnavalet/Roger Viollet

De folles mascarades sur les boulevards, le cortège du Bœuf gras, l’indescriptible cohue des fêtards dévalant les pentes de Belleville le mercredi des Cendres, les quadrilles et galops endiablés des bals costumés…, entrez dans le carnaval de Paris.

Connaissez-vous « chie-en-lit » ? « Le » chienlit d’origine, s’entend. Pas sa version féminine et soixante-huitarde, dénoncée par le général de Gaulle (« La réforme, oui ; la chienlit, non. »). Au XVIIIe siècle, il arpente les rues avec une chemise de nuit barbouillée de moutarde au niveau du postérieur. À l’époque romantique, il porte un manteau en lambeaux, une chemise en guenilles, un chapeau défoncé, des bottes trouées, son visage est couvert de suie et, le croirez-vous, ce répugnant personnage fait fureur dans les bals travestis de la capitale. Les « haillons » s’y mêlent aux débardeurs des deux sexes. Ces autres vedettes du carnaval empruntent leur nom et leur large pantalon en velours aux ouvriers qui déchargent, « débardent » les marchandises sur les quais. Un pantalon publiquement interdit aux femmes le reste de l’année ! Vous l’aurez compris : sous la très bourgeoise monarchie de Juillet (1830-1848), c’est le peuple qui donne le ton au carnaval de Paris. Un carnaval plus effréné que jamais, « bien autrement burlesque que le feu carnaval de Venise » aux dires de Balzac dans La Fausse Maîtresse, et pas encore détrôné par les festivités niçoises qui s’imposeront sous la IIIe République.

Des mois de folie

Carême-prenant (autre nom du carnaval) débute le jour de l’Épiphanie, le 6 janvier, parfois plus tôt, s’étend jusqu’au mercredi des Cendres et reprend à la mi-carême. Des mois de folie dont les temps forts sont orchestrés par les sociétés festives, bachiques et chantantes, associations d’étudiants, d’artisans ou de commerçants. Face aux flambards qui flambent en lançant leur cri de guerre « Chaud ! Chaud ! », les braillards braillent et s’époumonent, les bousingots devenus badouillards obéissent à leur grande charte dont l’article II stipule : « Tout badouillard qui ne sera pas ivre en entrant au bal sera privé de ses droits civiques. » Balochard, l’ouvrier enjoué et tapageur, ceinture rouge à la taille et feutre gris sur la tête, côtoie Chicard, chef de file des viveurs et possible inventeur du cancan. Est-ce le vrai Chicard, négociant en cuir de la rue Saint-Denis, qui doit ce surnom à son accoutrement, ou l’un de ses émules, coiffé du même casque en carton vert bronze surmonté d’un plumet rouge, accessoire de théâtre ? Et qui se cache derrière le sobriquet de Milord l’Arsouille, curieux mélange de dandy et de va-nu-pieds ? A-t-on identifié ce noceur invétéré devenu une légende du carnaval de Paris ? On fit porter le titre à Lord Seymour, richissime aristocrate anglais, et à Charles de La Battut, jeune Parisien connu pour ses folles prodigalités. Ce pourrait être sa calèche, tirée par quatre chevaux, qui traverse la place de la Concorde sur le tableau d’Eugène Lami conservé au musée Carnavalet. Un luxueux attelage chargé de masques comme il y en a tant les lundis et mardis gras, englués dans une marée humaine, rue Saint-Honoré et sur les boulevards. Ces jours-là, Paris devient un gigantesque théâtre de foire. Ensevelis sous les poignées de farine et les confettis de plâtre, des milliers de Pierrots, d’Arlequins et de Colombines s’invectivent, des Turcs et des Chinoises s’apostrophent, des mousquetaires s’attrapent, Don Quichotte et Sancho Panza injurient Robert Macaire et son comparse Bertrand. Une cohue drolatique avec force « engueulements » rituels, moult tirades extraites des catéchismes poissards, genre créé par le dramaturge et chansonnier Jean-Joseph Vadé au XVIIIe siècle. Qui, de mémoire, qui, livret en main, reprend les dialogues salés entre marchandes des rues et masques de rencontre. « Un Polichinelle : « Bonjour, commère ! comme te v’la belle ! est’qu’tu t’maries, aujourd’hui ? Tu n’mas pas invité d’la noce. La Poissarde : « Comme il n’y aura pas d’carrosse, i n’y aura pas besoin d’rosse, entends-tu, monsieur l’bossu, qu’a l’nez fait comme jail’fichu ? » Commentant ces injures de carnaval extraites de La Gueule infernale, l’historien Alain Faure y voit « le triomphe provisoire d’un bas langage opposé à la politesse, valeur des classes dominantes ». Il ajoute :« Pour une fois le peuple avait le dernier mot. Au pays de cocagne, les riches n’avaient qu’à bien se tenir. La représentation théâtrale qui se donnait dans la rue, sous le masque, devenait alors une libération symbolique par le verbe, une catharsis à l’échelle de la société » (Paris Carême-prenant, Hachette, 1978).

Le défilé du Bœuf gras

Acteurs spontanés des mascarades de rues, les Parisiens redeviennent simples spectateurs lors de la Promenade du Bœuf gras, autre moment clef du carnaval. Cette ancienne fête corporative, organisée par les marchands bouchers, attire la foule des grands jours. Un ou plusieurs bovins sont « promenés » en musique, suivant un strict itinéraire, avec haltes devant les lieux de pouvoir et arrêt final à l’abattoir. Sur le dos de l’animal, puis sur un char, un enfant costumé en Cupidon ; à ses côtés, quelques musiciens, des figures allégoriques et des immolateurs à la mine sauvage. Le défilé représente une excellente opération commerciale pour les fournisseurs de viande et pour les écrivains : dans les années 1840, les vedettes du cheptel sont baptisées Goriot, Monte-Cristo ou Dagobert, personnage du Juif errant d’Eugène Sue. La Case de l’oncle Tom, roman de l’auteure américaine Harriet Beecher Stowe, eut droit lui aussi à cet hommage bovin. Le mercredi des Cendres, un cortège bien moins policé marque la fin du carnaval : la descente de la Courtille. Ce quartier situé à la barrière de Belleville et demeuré hors de Paris jusqu’en 1860 est connu pour ses innombrables guinguettes, restaurants, marchands de vin et attractions foraines qui ne désemplissent pas pendant les Jours gras. L’ambiance frénétique de la « descente » est décrite par Guy de Maupassant dans Gil Blas en 1882, plus de vingt ans après sa disparition : « Le peuple, qui avait passé la nuit au milieu des saladiers à la française, rentrait le mercredi matin dans Paris, par le faubourg du Temple. Et c’était une cohue d’hommes et femmes, encore ivres, hurlants et trinqueballants. Une autre foule l’attendait, celle des masques élégants ayant passé la nuit dans les restaurants à la mode, et les deux légions de pochards se regardaient, s’engueulaient et fraternisaient. »

Musard, « roi du quadrille »

À défaut de « fraterniser », les couches sociales les plus diverses se côtoient aussi dans les nombreux bals publics qui débutent généralement au mois de janvier. Les messieurs, et eux seuls, doivent payer une cotisation de trente francs pour entrer aux bals de l’Opéra qui ont lieu deux fois par semaine, à partir de minuit, mais d’autres salles sont plus accessibles. La turbulence des bals Chicard, aux Vendanges de Bourgogne, attire l’élite qui s’y encanaille, sous couvert de masque, en tenue de débardeur ou de poissarde. La présence de certains chefs d’orchestre électrise la foule. Et personne ne peut égaler Philippe Musard, dit Napoléon Musard (1792-1859), « maître suprême de la musique échevelée », « roi du quadrille ». À la cour et à la ville, dans la salle Saint-Honoré ou aux Variétés, il connaît un succès phénoménal. Il relance le bal de l’Opéra sous la monarchie de Juillet et y introduit le cancan, ou coincoin, ancêtre du french cancan. L’écrivaine et journaliste Delphine de Girardin chroniqua le bal du Mardi gras de 1837, le plus célèbre de tous ceux qui eurent lieu à l’Opéra : « (…) ce qu’il y a de remarquable, l’événement de la nuit, c’est le triomphe de Musard, porté sur les épaules de six des plus beaux danseurs, et promené dans toute la salle, aux acclamations, aux applaudissements de toute la foule. La figure de Musard était rayonnante ; c’était le roi des ribauds. »

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