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cultură şi spiritualitate

Louis Ier d'Anjou
Jean II adoubant des chevaliers, enluminure des XIVe ou XVe siècles, BNF
Jean II adoubant des chevaliers, enluminure des xive ou xve siècles, BNF
Titre
Comte, puis duc d'Anjou
1351 – 1384
Prédécesseur intégrés à la Couronne
Successeur Louis II d'Anjou
Régent de France
16 septembre 1380 – 2 octobre 1380
(16 jours)
Prédécesseur Philippe de Valois
Successeur Anne de France
Roi de Naples (titulaire)
1382 – 1384
Prédécesseur Jeanne Ire de Naples
Successeur Louis II d'Anjou
Biographie
Dynastie Maison capétienne de Valois
Date de naissance 23 juillet 1339
Lieu de naissance Vincennes
Date de décès 20 septembre 1384(à 45 ans)
Lieu de décès Bisceglie (Naples)
Sépulture Bisceglie
Père Jean II de France
Mère Bonne de Luxembourg
Conjoint Marie de Blois
Enfants Louis II d'Anjou

Louis Ier d'Anjou Louis Ier d'Anjou

Louis Ier d'Anjoucomte, puis duc d'Anjouroi titulaire de Naples, (né à Vincennes le 23 juillet 1339 – mort au château de Bisceglie, près de Bari, le 20 septembre 1384), est le deuxième fils de Jean le Bon, roi de France et de Bonne de Luxembourg.

Il est fait comte de Poitiers en 1350comte d'Anjou et du Maine en 1351duc d'Anjou en 1360, et lieutenant du roi en Languedoc en 13641.

Il est empereur titulaire de Constantinople (1383-1384), roi titulaire de Naples (1382-1384), comte de Provence et de Forcalquier (1381-1384) etroi titulaire de Jérusalem[réf. nécessaire]

En octobre 1363, il compromet la paix franco-anglaise en rompant son engagement d'otage pour rejoindre sa jeune femme, Marie de Blois, fille de Charles de Blois. Il est cependant l'un des principaux acteurs de la politique de son frère Charles V, commande l'armée, devient lieutenant du roi en Languedoc en novembre 13642 et conduit une grande partie de la reconquête de l'Aquitaine. En 1370, en échange du comté du Maine, il devient duc de Touraine.

Il dirige la répression des routiers, et fait face à des insurrections urbaines en Languedoc. Devenu impopulaire, il est destitué de sa lieutenance à la suite d'une plainte des villes de Languedoc en mai 1380.

Adopté par la reine Jeanne Ire de Naples en 1380, il lie sa cause à celle du pape d'Avignon Clément VII et se lance dans les préparatifs d'une action conjointe dans le royaume de Naples dès la mort de la reine en 1381.

Président du conseil de régence à la mort de son frère Charles V en 1380, il dirige en fait le gouvernement royal jusqu'en 1382. Il entreprend alors de mettre la main sur son double héritage de Naples et de Provence, et s'enlise dans l'imbroglio des affaires italiennes. En effet se dresse contre lui le cousin de la reine Jeanne, Charles d'Anjou, duc de Durazzo, qui réclame le trône.

Louis prend le titre de roi de Sicile le 30 août 1383, le titre royal de Naples étant « roi de Sicile et de Jérusalem ». Il meurt en 1384 à Bisceglie, sans avoir obtenu de résultat décisif contre son compétiteur Charles de Durazzo, qui conserve le pouvoir effectif.

Il fut le tout premier Gouverneur militaire de Paris (office toujours en vigueur de nos jours).

On lui doit la réalisation de la Tenture de l'Apocalypse, qu'il commanda vers 1375, et qui est maintenant exposée au Château d'Angers.

Biographie

Enfance

Articles détaillés : Jean II de France et Charles II de Navarre.

Louis est né à Vincennes le 23 juillet 1339. Il est le quatrième enfant et le deuxième fils du roi Jean le Bon et de Bonne de Luxembourg3. Il est éduqué à la cour avec une bande d'enfants d'âge similaire dont il restera proche : Philippe d'Orléans son oncle, ses frères CharlesJean et PhilippeLouis de BourbonÉdouard et Robert de Bar, Godefroy de Brabant, Louis d'Étampes, Louis d'Évreux (frère de Charles le Mauvais), Jean et Charles d'ArtoisCharles d'Alençon et Philippe de Rouvre4.

Son précepteur est probablement Sylvestre de la Servelle5 qui lui inculque le latin et la grammaire. Sa mère et sa grand-mère paternelle meurent de la peste en 1349. Son grand-père, Philippe VI, décède peu après en 13506.

Il est fait chevalier avec son frère Charles lors du couronnement de leur père Jean le Bon, le 26 septembre 1350, à Reims7.

En mars 1354, il est utilisé comme otage pour garantir la venue du roi de Navarre Charles le Mauvais lequel, en vertu du traité de Mantes, doit venir demander pardon à son beau-père le roi Jean dont il a fait assassiner le favoriCharles de la Cerda8.

Charles le Mauvais, au traité de Mantes, a reçu de nombreuses places fortes en vallée de Seine, et, en tant que chef de file du parti réformateur et prétendant à la couronne de France, est devenu le véritable danger pour les Valois. Jean le Bon, averti du complot de partage du pays que ce dernier a ourdi avec les Anglais à Avignon, se décide à le mettre hors d'état de nuire.

Le 5 avril 1356, le dauphin Charles, duc de Normandie, a convié en son château de Rouen toute la noblesse de la province, à commencer par Charles le Mauvais, comte d'Évreux. Pendant ce temps, le roi rassemble ses proches : son frère Philippe d'Orléans, son fils cadet Louis d'Anjou, ses cousins d'Artois forment une escorte menaçante avec une centaine de cavaliers9. La fête bat son plein lorsque surgit, sous les yeux du dauphin, le roi et ses proches lesquels procèdent à l'arrestation violente de Charles de Navarre et de ses complices9. Aussitôt Philippe de Navarre, frère de Charles le Mauvais, active l'alliance Anglo-Navarraise pour relancer la guerre de pillage en Normandie et en Guyenne.

Guerre civile[

Bataille de Poitiers[

Capture de Jean le bon et de Philippe le Hardi à la bataille de Poitiers. Miniature du Maître de Giactirée d'un manuscrit des Chroniques de FroissartB.M. de Besançon, Ms.864, vers 1412-1415.
Article détaillé : bataille de Poitiers (1356).

Une de ces chevauchées anglaises est interceptée près de Poitiers. Louis est présent lors de la bataille, il fait partie de la première bataille sous le commandement de Charles son aîné, le duc de Normandie. Il y a à ses côtés outre la chevalerie normande, Jean de Berry et quelques combattants de valeur Jean de Landas, Thomas de Voudenay et le sire de Saint-Venant qui sont ici pour protéger les jeunes princes10. Mais l'arc long anglais est encore décisif et l'avant-garde française est décimée par les tirs des archers anglais protégés par des haies. Les chevaux étant non protégés et vulnérables aux tirs, le roi décide de charger à pied. Il existe, pour l'armée qui relevait du ban féodal, le droit reconnu par l'ordonnance royale du 30 avril 1351, pour les seigneurs bannerets, de se départir (se dégager) d'une bataille jugée perdue et inutile à poursuivre. Ce départ doit se faire par délibération d'une même bannière et en ordre. Il ne se confond pas avec la fuite, mais s'explique par le souci d'éviter de se faire prisonnier et de verser une rançon qui coûtait fort cher. Il est prescrit de prévenir de son départ.

Alors que le roi n'a pas encore donné l'assaut avec le gros de ses troupes, celles-ci l'abandonnent. Jean II le Bon pense alors que la défaite est possible, et sauve ses fils, le Dauphin Charles, Jean et Louis, en les envoyant à Chauvigny11. Louis quitte donc le champ de bataille et n'est donc pas fait prisonnier comme son père et son frère Philippe12.

Retour à Paris

Le retour à Paris des jeunes princes est difficile. Louis n'a que 16 ans et son frère aîné Charles seulement 18. Ils ont peu de prestige personnel (d'autant qu'ils ont quitté le champ de bataille de Poitiers contrairement à leur père et leur frère Philippe le Hardi12), peu d'expérience et doivent porter sur leurs épaules le discrédit des Valois. Charles s'entoure des membres du conseil du roi de son père, qui sont très décriés.

Les États généraux se réunissent le 17 octobre 1356. Le dauphin, très affaibli, va se heurter à une forte opposition comprenant Étienne Marcel qui est à la tête de la bourgeoisie, et allié avec les amis de Charles II de Navarre, dit Charles le Mauvais, regroupés autour de l'évêque de LaonRobert Le Coq13. Les États généraux, déclarent le dauphin lieutenant du roiet défenseur du royaume en l'absence de son père et lui adjoignent un conseil de douze représentants de chaque ordre14.

Robert Le Coq, dans une diatribe contre les officiers du roi. Grandes Chroniques de France.

Les États exigent la destitution des conseillers les plus compromis (honnis pour avoir brutalement dévalué la monnaie à plusieurs reprises15), la capacité à élire un conseil qui assistera le roi ainsi que la libération du Navarrais. Le dauphin proche des idées réformatrices n'est pas contre l'octroi d'un rôle plus important des États dans le contrôle de la monarchie. En revanche, la libération de Charles de Navarre est inacceptable car elle mettrait fin au règne des Valois. Pas assez puissant pour pouvoir refuser d'emblée ces propositions, le dauphin ajourne sa réponse (prétextant l'arrivée de messagers de son père13), congédie les États généraux et quitte Paris, laissant Louis gérer les affaires courantes.

Mais, avant de partir pour Metz, rendre hommage à son oncle l'empereur Charles IVpour le Dauphiné, et aussi pour obtenir son soutien diplomatique, le dauphin publie, le 10 décembre 1356, une ordonnance donnant cours à une nouvelle monnaie, ce qui lui permettrait de remplir ses caisses sans passer par les États. Il s'agit cette fois d'un renforcement monétaire de 25 %, ce qui avantage les propriétaires fonciers, c'est-à-dire la noblesse, le clergé et le patriciat urbain (qui possède une bonne partie de l'immobilier des grandes villes) donc les catégories sociales représentées aux états. Cela provoque une levée de boucliers de la population parisienne qui voit ses loyers croître de 25 %16. Étienne Marcel a choisi le parti des compagnons et des boutiquiers contre la grande bourgeoisie et les spéculateurs qu'il tient pour responsables de ses malheurs dans la succession de Pierre des Essars. Il devient maître de la rue16. Des échauffourées éclatent et Étienne Marcel fait pression sur Louis d'Anjou resté à Paris pendant que son frère est à Metz. Louis gagne du temps malgré la pression mise par Étienne Marcel. À son retour le Dauphin préfère céder plutôt que Paris soit mis à feu et à sang, il révoque l'ordonnance et rappelle les États généraux17.

À son retour en mars 1357, le dauphin accepte la promulgation de la « grande ordonnance », esquisse d'une monarchie contrôlée et vaste plan de réorganisation administrative, mais obtient le maintien en captivité de Charles de Navarre. Une commission d'épuration doit destituer et condamner les fonctionnaires fautifs (et particulièrement les collecteurs d'impôts indélicats) et confisquer leurs biens. Neuf conseillers du dauphin sont révoqués (Étienne Marcel tient sa vengeance contre Robert de Lorris)18. Six représentants des États entrent au conseil du roi qui devient un conseil de tutelle. L'administration royale est surveillée de près : les finances, et particulièrement les mutations monétaires et les subsides extraordinaires, sont contrôlées par les États19.

Pour le reste, Louis reste à l'écart des évènements parisiens et réussit en 1356 à se faire rédiger une lettre royale lui faisant donation de la ville de Montpellier, mais les vives protestations de la ville, conduisent Jean le Bon à casser l'acte en 135820.

La Grande Jacquerie

Les Jacques et leurs alliés parisiens sont surpris par une charge de chevalerie à bout portant alors qu'ils donnent l'assaut à la forteresse du marché de Meaux où est retranchée la famille du dauphin.

Une monarchie contrôlée est mise en place avec l'assentiment du dauphin. Mais cela ne suffit pas aux réformateurs, car ces changements pourraient être révoqués en cas de libération de Jean le Bon. Ils font libérer Charles le Mauvais le 9 novembre 135721. Le dauphin, obligé de réhabiliter son cousin, manœuvre pour l'empêcher de prendre le pouvoir et lève une armée qu'il fait camper aux portes de Paris. Profitant de l'annonce de la signature du premier traité de Londres qui donne 1/3 du territoire aux Anglais, Étienne Marcel déclenche une insurrection et fait exécuter les maréchaux qui commandent cette armée sous les yeux du dauphin22. Ce dernier, utilise cet assassinat pour mobiliser la noblesse contre les Parisiens et lève une armée qui organise l'encerclement de Paris. Louis d'Anjou est mis à l'abri à l'écart de Paris dans la forteresse du marché de Meaux avec les autres membres de la famille du Dauphin. Il se retrouve assiégé par les Jacques assistés d'un contingent de parisien envoyés par Étienne Marcel23, mais l'assaut tourne court : les insurgés sont balayés par une charge de cavalerie lancée à bout portant et menée par le captal de Buch et Gaston Phébus. En parallèle les Jacques sont défaits à Mello par Charles le Mauvais qui doit reprendre la main ayant été évincé lors du meurtre des maréchaux. Le Navarrais rentre donc à Paris se poser comme leader du parti réformateur, mais la noblesse ne le suit pas. Un mouvement de défiance des Parisiens contre les mercenaires anglais de Charles de Navarre entraine l'assassinat d'Étienne Marcel et la reprise en main du pouvoir par le dauphin. Au total, pendant cette période le rôle de Louis semble avoir été relativement effacé.

Mariage

Le 8 juillet 1360, Louis fait une fois de plus preuve de son esprit d'indépendance en se mariant, sans aucune autorisation avec Marie de Blois alors qu'il était promis à une fille du roi d'Aragon24. Marie est belle et est un bon parti car elle ouvre sur des droits à la succession de Bretagne24, mais Jean le Bon et ses conseillers doivent déployer des trésors de diplomatie pour atténuer l'outrage fait à Pierre le Cérémonieux.

Le couple a 3 enfants :

  • Louis II d'Anjou (1377-1417), roi de Jérusalem et de Sicile, qui succède à son père ;
  • Charles d'Anjou (1380 - Angers, 17 mai 1404), dit le prince de Tarente, sans alliance25 ;
  • Marie d'Anjou (octobre 1370 - ap. 26 décembre 1382/av. le 26 septembre 138326), sans postérité.

Captivité en Angleterre

Otage en garantie de l'exécution du traité de Brétigny[

Le roi est finalement libéré contre une rançon de trois millions d'écus et la cession de toute l'Aquitaine aux Anglais (1/3 du territoire). En 1361, Louis est envoyé à Londres avec son jeune frère Jean de Berry, son oncle Philippe d'Orléans, le sire Bonabes IV de Rougé et de Derval et son cousin Louis de Bourbon comme otage pour garantir l'exécution du traité de Brétigny27. Les conditions d'incarcération sont peu contraignantes et les jeunes princes peuvent circuler à leur guise sur le territoire anglais. Par contre, contrairement aux autres otages, ces princes de sang royal ne peuvent être rechangés c'est-à-dire remplacés par roulement comme les autres otages.

Duc d'Anjou et du Maine[

Louis, juste marié, et son jeune frère Jean, n'ont évidemment aucune envie d'aller en Angleterre. Aussi Jean le Bon doit calmer ses fils impétueux. Il décide de leur confier des apanages. Ceci correspond aussi à une volonté politique, car la superficie du domaine royal pose des problèmes de gouvernance compte tenu des capacités de communications de l'époque. Or le roi et ses conseillers qui ont été incarcérés en Guyenne puis à Londres, ont pu juger des avantages que conférait la gestion décentralisée de la principauté d'Aquitaine. Dès lors, Jean le Bon décide de diviser le royaume en principautés qu'il confie à ses fils. Charles est déjà dépositaire du duché de Normandie. Louis reçoit l'Anjou et le Maine qui sont élevés au rang de duché-pairie en 136024, Jean le Berry et Philippe la Touraine puis en 1363 la Bourgogne. En décembre 1360, Jean le Bon révoque toutes les aliénations du domaine royal faites depuis Philippe le Bel hormis celles effectuées au bénéfice de ses fils, ce qui permet de rapprocher les apanages de la famille proche du roi28.

L'évasion

Retour de Jean le Bon en Angleterre, miniature des Grandes Chroniques de France de Charles V, vers 1370-1379, BNF.

La situation économique en France est catastrophique : le pays est mis en coupe réglée par les Grandes Compagnies et le roi Jean est bien en peine de payer sa faramineuse rançon. Aussi Louis, qui est jeune marié, s'impatiente. Obtenant la permission d'aller en pèlerinage à Notre-Dame de Boulogne où l'attend sa jeune épouse24, il décide de s'enfuir, rompant le serment qu'il a fait lors de sa venue à Londres. Accompagné d'une escorte anglaise, il s'en débarrasse dès qu'il a posé le pied sur le continent. Il s'enfuit avec son épouse pour le château de Guise tout proche qui lui appartient et qui est à la frontière avec le Saint-Empire. Le jeune prince peut ainsi se réfugier chez son oncle l'empereur Charles IV au cas où le roi serait dans l'obligation de le renvoyer en Angleterre pour respecter les clauses du traité de Brétigny. Le dauphin Charles, ayant lui-même été en pèlerinage à Notre-Dame de Boulogne un an plus tôt et connaissant ses liens avec l'empereur, il est probable qu'il soit l'organisateur de l'évasion de Louis29. Mis devant le fait accompli, Jean le Bon prend sur lui et va remplacer lui-même son fils comme otage. Il meurt à Londres en 1364.

Le Dauphiné

En 1364, Charles V n'a pas d'héritier mâle. Louis d'Anjou toujours aussi direct demande donc le Dauphiné à son frère se rappelant ainsi qu'il est héritier le plus direct à la couronne. Charles est courroucé par la manœuvre, mais agit comme à son habitude avec sagesse. Il promet par écrit à son frère de lui confier la Touraine au cas où un fils naîtrait. Louis serait alors écarté de la succession du trône et donc du Dauphiné30.

Le chef de guerre

Au vu de la supériorité tactique que confère aux Anglais l'arc long, le roi décide de ne plus risquer le royaume dans d'aléatoires batailles rangées où il pourrait être capturé comme son père à Poitiers. Il confie donc la conduite des armées à des capitaines chevronnés et à ses frères. Des trois frères de Charles V, c'est Louis qui a la plus brillante carrière militaire. Il est l'un des principaux artisans de le reconquête des territoires concédés par son père au traité de Brétigny.

Lutte contre les Grandes Compagnies et organisation d'une armée soldée

Lors de son retour de captivité qui coïncide avec le couronnement de son frère, l'urgence est de se débarrasser des Grandes Compagnies qui saignent le pays. Les Valois doivent faire comprendre que le royaume n'est plus un havre pour les pillards. Charles V traite le problème avec la plus grande rigueur et fermeté : il fait appliquer la loi et ne négocie pas avec les truands. La politique des apanages a été imaginée comme une décentralisation pour améliorer la gestion des provinces éloignées de la capitale. Ces dernières sont possédées par la famille proche du roi et reviennent à la couronne en l'absence d'héritier mâle, ce qui évite d'en perdre le contrôle après un mariage. Avec Charles V, les princes reçoivent leurs finances des impôts permanents récoltés par le roi, ce qui permet à celui-ci de les garder théoriquement sous contrôle.

Le roi et ses frères organisent la réponse militaire au sein de chaque principauté31. C'est rapidement tout le pays qui s'organise contre les compagnies. Chevaliers, villes, paysans envoient des contingents. Les routiers français sont exécutés et les étrangers de quelque valeur soumis à rançon32.

Alors que la situation des compagnies est devenue inconfortable sur le sol français, l'idéal serait de les convaincre d'aller combattre ailleurs. Louis, en tant que lieutenant du roi en Languedoc, lui fait part du danger que fait courir au royaume une alliance anglo-castillane. Le duc d'Anjou est en contact rapproché avec Henri de Trastamare et le roi Pierre IV d'Aragon, lesquels sont en conflit contre Pierre le Cruel, alors roi de Castille. Louis est donc aux premières loges dans les tractations avec les Aragonais pour monter une croisade qui serait financée par la papauté et l'Aragon, et qui emmènerait les routiers vers Grenade. Dans les négociations qu'il mène à Toulouse avec les Aragonais, il tente de les amener à reconquérir la Castille et la Guyenne, mais Pierre IV d'Aragon, dit le Cérémonieux souhaite se limiter à la Castille car son alliance devrait lui valoir des concessions territoriales qu'il dispute aux Castillans33.

En 1365, la Bataille d'Auray a mis fin à la guerre de Succession de Bretagne et de nombreux guerriers bretons démobilisés viennent grossir les rangs des Grandes Compagnies. Plutôt que de les laisser dévaster le Pays, Charles V confie à Bertrand Du Guesclin, son capitaine breton de confiance, la mission de les emmener combattre en Espagne pour le compte de son allié. Cela aura un double effet : l'économie du pays, débarrassé des compagnies, va être relancée, l'implication dans ce conflit du prince de Galles va le ruiner.

En décembre 1367, revenu victorieux de Castille mais exsangue, le Prince noir lâche ses mercenaires aux frontières de la Guyenne. Marchant sur Paris, ces derniers sont repoussés par les Français, mais cet acte, considéré comme un casus belli, va relancer la guerre34. Louis d'Anjou ne laisse pas les routiers démobilisés dévaster le Languedoc, ni la Castille aux mains de Pierre le Cruel. Fin 1367, dès qu'Henri de Trastamare, vaincu à Nájera, repasse la frontière, il l'aide financièrement à remonter une petite armée. Celle-ci prend vite de l'importance grâce à des contingents de chevaliers, lesquels, opposés à Pierre le Cruel dont la politique limite leurs droits, sentent l'appât du gain35. Pierre le Cruel abandonné par le Prince noir qu'il a trompé en lui promettant de financer sa campagne, n'a pas les moyens de s'opposer au retour d'Henri de Trastamare qui finit par le vaincre à Montiel. Pendant ce temps, Louis d'Anjou regroupe les routiers et les entraîne dans l'attaque de la Provence plutôt que de piller le Languedoc dont il a la responsabilité. Ces différentes expéditions permettent de cerner les éléments fiables qui sont de fait soldés en permanence car réembauchés soit par les Castillans soit par les Français plutôt que de les laisser piller le territoire. Un accord est conclu en ce sens le 13 août 1367 à Aigues-Mortes, entre le duc d'Anjou et Henri de Trasmatare. Ce dernier, recevant une aide financière et militaire, s'engage, une fois la Castille reprise, à se retourner contre Anglais et Navarrais36. Lieutenant du Languedoc, Louis d'Anjou est aux premières loges dans l'organisation d'une armée permanente sur le terrain.

Attaque de la Provence

Jeanne Ire de Naples (1326-1382), dite la reine Jeanne, miniature du Maître des Clères Femmes tirée d'un manuscrit du De mulieribus claris de Boccace, vers 1403, BNF, Fr.598, f.159r.

La souveraineté de Jeanne de Naples, sur la Provence est contestée par ses cousins angevins et en particulier par Louis de Hongrie (Son grand-père Robert Ier le Sage en l'absence de descendant mâle survivant a marié Jeanne à André d'Anjou pour mettre un terme aux revendications des Angevins, mais celui-ci est rapidement décédé et Jeanne est soupçonnée de l'avoir fait assassiner). C'est le soutien des pontifes qui a permis à Jeanne de se maintenir à la condition que le royaume de Naples soit dirigé avec les avis d'un conseiller envoyé par le Saint-Siège (c'est l'évêque Philippe de Cabassolle ancien tuteur de Jeanne qui remplit cet office)37. Mais en 1367, le pape Urbain V décide de réinstaller le siège apostolique à Rome. Jean de Gand, duc de Lancastre, second fils du Roi d'Angleterre, revendique la possession de la Provence en tant que descendant d'Éléonore de Provence. Une armée est montée en Angleterre pour appuyer cette revendication38. Dans le contexte de guerre froide franco-anglaise qui prévaut depuis le traité de Brétigny, cela entraîne une réaction immédiate des Valois : il faut à tout prix empêcher que la Provence ne devienne anglaise. Louis, qui est gouverneur du Languedoc, est lui aussi lié à la succession de Provence (de manière aussi éloignée que Jean de Lancastre) par le mariage de Marguerite de Provence avec Saint-Louis. Il est possible aussi qu'il y ait un contentieux entre les Valois et Urbain V qui avait refusé à Jean le Bon le payement d'une partie de sa rançon sous couvert de financer une Croisade qui aurait eu aussi pour effet de débarrasser la France et la papauté des compagnies. Enfin, après la bataille de Nájera, les compagnies employées par Du Guesclin et le prince Noir ne sont plus payées : elles repassent en Languedoc pour y vivre de pillage. Louis d'Anjou voit dans le départ du pape l'occasion de détourner les compagnies de ses territoires. Avec l'appui, de Charles V, il obtient de son oncle l'empereur l'empereur Charles IV l'application du traité de Fontainebleau. En effet, Jean l'Aveugle, le père de l'empereur avait négocié le soutien de Philippe VI à ses visées lombardes contre la cession des droits impériaux sur le royaume d'Arles, ce qui lui permet de justifier son usurpation39. Dans les faits la puissance de Robert le Sage donnait une indépendance totale du comté de Provence vis-à-vis de l'Empire et les Français n'avaient pu le revendiquer. Avec le départ de la papauté à Rome et la faiblesse de Jeanne de Naples l'occasion est belle de s'étendre au sud-est.
Les préparatifs de guerre des Français et des Anglais entraînent une réaction diplomatique d'Urbain V qui parvient à convaincre Édouard III de réfréner les velléités de son fils, mais il échoue avec Louis d'Anjou. Philippe de Cabassolle, le recteur du Comtat Venaissin, ordonne à Pons Bernard, capitaine de Carpentras, de fermer les portes des remparts de sa ville et d’élever des murs de terre du château de Serres jusqu'à la Porte d'Orange afin que ce premier rideau protège les remparts de l'artillerie. Par une lettre bullée datée du 30 juillet 1367Urbain V, face à la volonté évidente de Louis d'Anjou d'envahir la Provence et d'occuper le Comtat, demande aux Provençaux de rester fidèles à la reine Jeanne de Naples. Louis regroupe les routiers à Beaucaire en face de Tarascon. La tension monte et le 27 septembre 1367, une bulle d’Urbain V excommunie tous ceux qui apportent leur aide aux routiers. Le pape juge Raymond d'Agoult incapable comme sénéchal de Provence et propose à Jeanne de Naples de le remplacer par Guillaume Augier de Forcalquier, le sire de Viens. Mais Raymond d'Agoult, troisième sénéchal de Provence issu de la famille comtale de Sault, a la confiance de la reine de Naples : non seulement, il conserve ses hautes fonctions mais devient Amiral du royaume de Naples pour les mers du Levant et est chargé de conduire des ambassades pour la reine Jeanne en Italie et en Espagne.

Bertrand du Guesclin,
le « Dogue Noir de Brocéliande »,
excommunié par Urbain V

Le 26 février 1368, Louis d'Anjou donne ordre aux troupes placées sous le commandement de du Guesclin d'envahir la Provence. Le sénéchal de Beaucaire, Amiel des Baux, organise leur passage sur l'autre rive du Rhône grâce à des ponts de barquesN 1. Le samedi 4 mars 1368, Bertrand du Guesclin met le siège devant Tarascon ville stratégique contrôlant la basse vallée du Rhône. En effet, le contrôle de la navigation a une importance capitale à une époque où les routes sont peu praticables et peu sûres et où le trafic commercial est acheminé majoritairement par voie fluviale ou maritime. C'est pourquoi dès le début du conflit, Louis d'Anjou s'assure le contrôle de l'embouchure du Rhône et empêche le ravitaillement des villes assiégées par des ponts de barques bloquant le fleuve (et permettant d'acheminer ses propres troupes sur la rive est). Tarascon, qui fait face à Beaucaire, siège de la sénéchaussée, ceinte alors de remparts et renforcée par une première réfection du château entreprise à la fin du xiiie siècle, résiste farouchement.

Avant qu'ils ne menacent Avignon, Philippe de Cabassolle fait immédiatement entamer des négociations préliminaires avec les capitaines de Louis d'Anjou. Un accord est passé le 23 mars. Pour détourner les Bretons de la cité pontificale, les Avignonnais acceptent de leur payer 37 000 florins avec la promesse d'en verser immédiatement 5 000. Pour recouvrir cette créance, Bertrand du Guesclin, dès le lendemain, délègue Janequin le Clerc, son procureur anglais, auprès du banquier avignonnais, André de Tis, mandant de Michel de Baroncelli qui avance la somme. Avignon est sauve, mais l'attaque de la Provence se poursuit.

En réponse, Urbain V intensifie son offensive diplomatique. Le 3 avril, le pape dépêche un émissaire au roi Charles V. Il est chargé de lui remettre des lettres dénonçant l'agression de son frère contre la Provence, comté de leur parente Jeanne de Naples, ainsi que le scandale de cette invasion sans cause, sans prétexte et sans déclaration de guerre. Pour bien se faire comprendre Urbain V menace même le roi de France d’une réplique menée par une coalition contre la sénéchaussée de Beaucaire et le Dauphiné. Deux jours plus tard, le doge de Gênes reçoit un bref apostolique lui enjoignant de ne pas soutenir les attaques dirigées de la France contre la Provence.

Le sénéchal Raymond d'Agoult, qui a enfin levé des troupes, se porte au secours de Tarascon et d'Arles, assiégées depuis le 23 mars par du Guesclin. Au cours de ce siège, Guiraud de Simiane, Arnaud de Villeneuve et Isnard de Glandevès, seigneur de Cuers, sont faits prisonniers. La rencontre des deux armées a lieu devant cette cité le 11 avril 1368. Luquet de Girardières, le lieutenant du sénéchal, se heurte à du Guesclin qui, à la tête de ses troupes, attaque la cavalerie provençale. L'affrontement se solde par la déroute des troupes fidèles à la reine Jeanne.

La débâcle des nobles provençaux impose de mettre en place des mesures rapides pour éviter le désastre. Les états de Provence se réunissent d'urgence le 21 avril, à Aix-en-Provence, et chargent Louis de Trian, libéré après rançon, de prendre la défense de la capitale du comté. Pendant ce temps, une bulle pontificale, datée du 18 avril, porte condamnation des Avignonnais qui ravitaillent les Bretons assiégeant Tarascon. Tandis que le 27 du même mois, Urbain V se voit obligé de rassurer par lettre la reine Jeanne. Le pape lui confirme qu'il ne se laisserait jamais abuser par les mensonges de ses adversaires et l'exhorte à secourir et aider ses très fidèles Provençaux.

Bertrand du Guesclin, rançon payée, est libéré le 27 décembre 1367 par le Prince noir et quitte immédiatement Bordeaux. Après avoir rendu visite à de nombreux soutiens pour trouver de quoi financer sa rançon, il rejoint Louis d'Anjou au siège de Tarascon. Il organise le siège en rationalisant l'usage des machines de guerre et se rend compte que l'artillerie est sous-utilisée chez les Français. Par la suite, il militera pour son utilisation lors des sièges car elle est plus facile à déplacer et permet de réduire rapidement la résistance des villes en abattant les remparts en quelques jours. L'artillerie est l'instrument indispensable d'une guerre de conquête se basant sur le contrôle des places fortes telle qu'il la mènera en Guyenne40. Tarascon finit par être prise par les routiers grâce à la trahison de quelques habitants. Mais la prise de la ville le 22 mai 1368est difficile et ne se fait qu'à l'issue de combats de rue acharnés : Béranger de Raymond, chevalier d’Avignon, est tué, tandis que Louis de Trian, vicomte de Tallard, Bernard d'Anduze, seigneur de la Voulte, et Foulques d'Agoult, sont fait prisonniers39.

L'incapacité du sénéchal de Provence ayant miné la confiance, même dans le Comtat, il faut une bulle pontificale, datée du 26 mai, pour remettre les esprits en place. Urbain V y ordonne à tous les nobles comtadins de suivre à la lettre les directives données par le recteur Philippe de Cabassolle.

Le mercredi 5 juillet, Bertrand du Guesclin et ses routiers sont devant Aix défendue par le vicomte de Tallard. Pendant que les Bretons préparent le siège avec leurs machines de guerre, Raymond d'Agoult, fils du sénéchal, fait attaquer Aigues-Mortesafin de bloquer les arrières français (Aigues-Mortes, est à l'époque le port français le plus utilisé sur la façade méditerranéenne). L'archevêque d'Arles, Guillaume de la Garde, s'étant ouvertement déclaré pour Louis d'Anjou, est mis en accusation pour trahison et crime. Le sénéchal donne ordre à son lieutenant Luquet de Girardières de se saisir du temporel de l'archevêque.

La Tour de l'Hôpital, vestige des remparts d'Apt dont chacune des 27 tours étaient défendues par 8 arbalétriers.

Les routiers se financent en ravageant la province convoitée par louis d'Anjou. Ils envisagent une jonction avec les troupes de Grimaldi à Nice qui vient d'être retourné par le duc. Le 18 juillet 1368, Raymond d’Agoult lève une armée de 400 lances (1200 hommes) issue de la noblesse provençale et se jette contre du Guesclin. Ce dernier évite d'attaquer Apt, mise en défense avant son arrivée : la ville est bien protégée par de solides remparts, 216 arbalétriers et une artillerie conséquente (30 bombardes). Les Provençaux atteignent les routiers au village de Céreste. L'avant-garde du sénéchal charge effrontément et est mise en pièce par les hommes de Bertrand du Guesclin41. Mais c'est la Provence entière qui se ligue contre les envahisseurs, l'ost féodal, renforcé par des contingents fournis par les villes d'Aix et Marseille, reprend Tarascon42. La reine de Naples réalise alors un coup de maître diplomatique. Elle fait miroiter à Louis d'Anjou une éventuelle adoption, ce qui lui assurera le soutien des Français au cas où Louis de Hongrie deviendrait menaçant. Le duc d'Anjou, sachant qu'il suffit d'attendre pour se rendre maître du royaume de Naples sans risquer une excommunication, voire une défaite militaire, met fin à l'aventure qui devient incertaine42. Après dix-neuf jours de siège infructueux devant Arles43, les routiers se retirent et repassent le Rhône. Les traîtres qui ont livré la ville sont enfermés au château d'Orgon. Devant les exactions commises par les routiers, la Provence exsangue se rebelle. Mais les paysans révoltés, les laborieux, subissent une sévère répression menée par la noblesse provençale. Quant à du Guesclin, il est excommunié par Urbain V  

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