Commissaire de l’exposition « Chagall, du noir et blanc à la couleur » à l’Hôtel de Caumont d’Aix-en-Provence il y a deux ans et chargée de recherches au Comité Marc Chagall à Paris, Ambre Gauthier connaît son artiste russe sur le bout des doigts et se pose ici sur ses illustrations des fables de La Fontaine.
C’est Ambroise Vollard qui avait demandé en 1927 au peintre Marc Chagall d’illustrer les fables de La Fontaine, inspirées des textes poétiques d’Ésope, fabuliste grec de l’Antiquité : « On ne comprit pas, expliqua ensuite le marchand froissé par la critique, ce choix d’un peintre russe pour interpréter le plus français de nos poètes. Or, c’est précisément en raison des sources orientales du fabuliste que j’avais songé à un artiste à qui ses origines et sa culture rendaient familier ce prestigieux Orient ». De gouaches préparatoires en couleurs en gravures finales en noir et blanc, les réalisations de Chagall fascinent par leur exubérance, leur pouvoir d’évocation, leur liberté formelle.
Chagall puise aux sources de l’imagerie populaire russe et de la tradition juive
Pas question de suivre à la lettre les récits moralisateurs du Grand Siècle. Chagall les fait voyager comme sur un tapis volant, dans les paysages de Vitebsk ou d’Auvergne, sur des cieux éclatants ou des aplats de gris griffés. On aime la tête verte du ruminant dans La grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf. On s’étonne du pelage multicolore du roi des animaux dans Le lion et le moucheron. On crie au miracle en voyant la pose reprise du Tintoret pour Jupin dans Les Grenouilles qui demandent un roi.
Les quelque soixante œuvres de Chagall sont reproduites sagement en face des textes de La Fontaine dans un coffret relié, édité aux éditions Hazan. Un livret, clair et pédagogique, retrace la genèse de cette aventure illustrative et des souvenirs de gravures populaires russes et de la culture judaïque de l’artiste.
L’auteure, Ambre Gauthier, assurait en 2015 le commissariat de l’exposition « Marc Chagall : Le Triomphe de la musique » à la Philharmonie de Paris avant de proposer, l’année dernière, « Chagall. Du noir et blanc à la couleur » à l’Hôtel de Caumont-Centre d’art à Aix-en-Provence.
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