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En 1917, une lueur embrase l’Est. En seulement huit mois survient un bouleversement dont les conséquences se répercuteront sur tout le XXe siècle : le tsarisme s’effondre, bientôt remplacé par un régime révolutionnaire.
Sophie Cœuré, professeur d’histoire contemporaine, université Paris 7 – Paris Diderot.
Publié le 10/12/2020 à 17h11, mis à jour le 04/03/2022 à 16h46 • Lecture 10 min.


En juillet 1917, le gouvernement provisoire fait tirer sur des manifestants, alors que les bolcheviques tentent de prendre le pouvoir à Petrograd. Cette photographie de la foule en panique est devenue l'une des images fortes de la révolution russe.

En juillet 1917, le gouvernement provisoire fait tirer sur des manifestants, alors que les bolcheviques tentent de prendre le pouvoir à Petrograd. Cette photographie de la foule en panique est devenue l'une des images fortes de la révolution russe. • WIKIMEDIA COMMONS

Entre mars et novembre 1917, en huit mois à peine, la Russie passe de la monarchie au communisme bolchevique. La dynastie trois fois centenaire des Romanov s’effondre, et avec elle l’immense empire de près de 170 millions d’habitants, s’étendant de la Sibérie aux rives de la mer Noire, disparaît de la carte des puissances. Ce processus révolutionnaire inédit surprend les contemporains par sa rapidité et sa radicalité. Certes, la question de la possibilité d’une révolution en Russie était posée depuis la fin du XIXe siècle au moins. « Une révolution chez le peuple de l’Europe le plus ignorant et le plus crédule, sous l’inspiration des doctrines les plus anarchiques, dépasserait probablement en barbarie toutes nos Terreurs et nos Communes », s’était inquiété en 1880 Anatole Leroy-Beaulieu, expert des questions russes. En 1882, dans la préface à l’édition russe du Manifeste communiste, Karl Marx et Friedrich Engels s’étaient quant à eux penchés avec espoir sur l’éventualité que « la révolution russe donne le signal d’une révolution prolétarienne en Occident ». Dans un empire autoritaire, qu’ils voyaient comme rural et archaïque malgré les premiers progrès du capitalisme industriel et financier, ils ne pensaient cependant possible le « mûrissement » d’une situation révolutionnaire qu’à l’occasion d’une guerre extérieure.

La seconde tentative est la bonne

De fait, en 1905, une première révolution avait presque réussi à briser l’autocratie ébranlée par l’échec du conflit contre le Japon, sans que l’opposition libérale ne parvienne à s’imposer. Et c’est bien la guerre mondiale qui explique un processus par lequel la Russie allait, selon la célèbre formule du journaliste américain John Reed qui en fut le témoin, « ébranler le monde ».

Quand la Russie s’engage dans la guerre contre l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne, aux côtés de son allié serbe puis de la Grande-Bretagne et de la France, la mobilisation se fait sans difficultés. La capitale, Saint-Pétersbourg, se voit attribuer symboliquement un nom qui résonne plus russe que le précédent : Petrograd. Mais l’union sacrée d’août 1914 se révèle bien fragile face à l’accumulation des défaites militaires, des difficultés économiques, des erreurs politiques. L’attitude face à la guerre sera le catalyseur de toutes les journées révolutionnaires de mars, avril, juillet et octobre 1917.

Au début de l’année 1917, le sentiment de profonde lassitude est général dans les deux camps, après deux ans d’une hécatombe qui a mis à bas les espoirs d’une victoire rapide. Épuisée par d’effroyables pertes (la moitié des 15 millions d’hommes mobilisés ont été tués, blessés ou faits prisonniers) et un hiver particulièrement dur, la Russie est le pays le plus frappé par la crise sociale et le désarroi politique. Hausses de prix et pénuries forment le quotidien de la population, les soldats sont mal armés, les transports désorganisés. En 1915, l’entrée de la Turquie dans le conflit aux côtés des puissances centrales entraîne la fermeture des détroits de la mer Noire, puis la perte de la Lituanie, de la Galicie et de la Pologne devant les victoires austro-allemandes, enfin le tarissement des ressources et un afflux de réfugiés. Surtout, les ministères se sont succédé sans parvenir à organiser l’économie ni à associer la société à l’effort de guerre.

Le tsar chancelle et tombe

Comme partout en Europe, le pouvoir exécutif a été renforcé. Mais le tsar Nicolas II ne répond pas à la noblesse et à la bourgeoisie libérale, qui souhaitent être associées au pouvoir. Il voit comme une menace l’organisation par le bas des communautés locales ou philanthropiques. De manière suicidaire en pleine débâcle, il prend le commandement militaire en septembre 1915, puis suspend la Douma, l’assemblée parlementaire concédée en 1905 au suffrage censitaire. Le « petit père des peuples », autocrate de droit divin, qui avait parcouru triomphalement son empire en 1913 pour le tricentenaire de la dynastie, s’isole et se discrédite. Les rumeurs de complots renforcent la méfiance que suscite l’influence sur Nicolas II de la tsarine Alexandra, en raison de ses origines allemandes et de l’ascendant qu’exerce sur elle le moine Raspoutine, finalement assassiné fin décembre 1916.

Malgré les informations qui filtrent à travers la censure de la presse européenne au sujet des grèves, de l’agitation permanente pour réclamer du pain, malgré les premières mutineries, personne n’anticipe vraiment l’effondrement rapide du régime tsariste. Pas même les dirigeants des mouvements révolutionnaires, bien souvent exilés en Suisse comme Lénine, aux États-Unis comme Trotsky, ou relégués dans la lointaine Sibérie comme Staline. Les partis d’opposition – qu’ils soient libéraux (les constitutionnels-démocrates ou « cadets ») ou socialistes (les socialistes-révolutionnaires (SR) qui mettent en avant les paysans, les marxistes du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR), eux-mêmes divisés entre mencheviks et bolcheviques) – ne s’accordent pas sur la question de la poursuite de la guerre.

La manifestation du 27 février 1917, réprimée, devient une insurrection populaire et une mutinerie. Le processus révolutionnaire est dès lors enclenché.

Lénine se fait alors connaître de la poignée de pacifistes européens par une analyse tranchée : la guerre révèle les contradictions du capitalisme, et il faut transformer la « guerre impérialiste » en « guerre civile » révolutionnaire. La Russie, malgré son sous-développement industriel, pourra se révéler le maillon faible du système, à condition qu’elle soit entraînée par une avant-garde bien organisée. Entre cette analyse et la réalité politique, le fossé semble cependant énorme : si les socialistes-révolutionnaires sont relativement nombreux, le POSDR rassemble au total moins de 20 000 militants au début de 1917, sans cesse pourchassés par la police du tsar.

Comment comprendre alors l’effondrement du tsarisme en quelques jours ? L’enchaînement des événements révèle la fragilité extrême d’un pouvoir politique concentré par le tsar et son entourage. Tout se passe dans les rues, les palais et les faubourgs de la capitale, Saint-Pétersbourg. L’échec de la mise en place de cartes de ravitaillement se conjugue avec la fermeture des usines d’armement Poutilov, faute de matières premières. Cela fait franchir un seuil au mécontentement populaire, exacerbé par le froid, le manque de combustible et de pain. Les oppositions de gauche, légales et illégales, s’allient pour organiser une manifestation le 27 février (8 mars du calendrier grégorien), proclamé « journée internationale de la femme » depuis 1910 par l’Internationale socialiste. La manifestation réprimée devient une insurrection populaire et une mutinerie. Marins et soldats fraternisent avec les femmes et les ouvriers, et s’arment en pillant l’arsenal, sur lequel flotte bientôt le drapeau rouge.

La Douma forme un comité provisoire, puis un gouvernement provisoire, tandis qu’un groupe de militants et de députés mencheviks puis bolcheviques organise dans le même palais de Tauride un conseil (« soviet ») qui se veut représentatif des ouvriers et des soldats. Le soviet accepte le gouvernement provisoire dans l’attente d’un accord sur un futur régime, après l’organisation d’élections pour une Assemblée constituante. Nicolas II rentre du front, mais n’est pas en mesure de reprendre le contrôle de la rue. Il abdique le 3 mars.

Un moment démocratique unique

La révolution a triomphé au prix d’un millier de morts dans la capitale. Le gouvernement libéral « cadet » du prince Lvov, qui s’installe au palais d’Hiver, dure deux mois, avant de céder la place en mai 1917 à un gouvernement de coalition dominé par les socialistes modérés. Leur leader, Aleksandr Kerenski, est désormais ministre de la Guerre, mais aussi vice-président du soviet. L’immense Russie connaît alors un moment démocratique unique. Les libertés individuelles sont proclamées, avec l’abolition de toute discrimination de classe, ethnique ou religieuse. Le suffrage universel est octroyé aux femmes comme aux hommes, la censure est abolie. La soif de participer est immense. La multiplication des motions votées en assemblées, la floraison de journaux touchent jusqu’aux plus petites villes.

Le projet d’établir un régime parlementaire à l’occidentale se déploie avec l’organisation d’élections municipales et la préparation des élections à l’Assemblée constituante. En parallèle, le « double pouvoir » des soviets s’organise en comités d’usines, de quartiers ou de villages, dominés par les militants politiques les mieux organisés. Le Ier Congrès des soviets de toute la Russie, qui se réunit début juin 1917, est dominé par les SR et les mencheviks. Il réaffirme sa confiance au gouvernement provisoire, mais les antagonismes sur l’avenir économique, politique et surtout militaire du pays sont loin d’être résolus.

Faut-il continuer à la guerre au risque de fragiliser la révolution ? Faire la paix au risque de la guerre civile ? Le gouvernement provisoire opte pour la première solution. Défendre la nation et honorer les alliances semble une décision d’autant plus cohérente que les États-Unis entrent en guerre en avril 1917. La Russie veut tenir son rang dans le camp des démocraties, contre les puissances centrales et l’Empire ottoman autocratiques. Elle reçoit l’appui des gouvernements alliés, qui envoient des missions socialistes (Albert Thomas pour la France, Arthur Henderson pour la Grande-Bretagne), pour tenter de soutenir tant le moral des troupes que l’organisation de l’armée. En vain, car la démocratisation de l’institution militaire à la suite de « l’ordre numéro un », adopté sur la pression du soviet, avec pour conséquence la quasi-abolition de la discipline, se révèle une utopie.

La guerre radicalise l’opinion

Pendant ce temps, les révolutionnaires convergent sur la capitale. Lénine quitte la Suisse et traverse l’Europe en guerre, avec la bénédiction du gouvernement allemand. Depuis son quartier général de l’institut Smolny, il cherche à rassembler autour des mots d’ordre radicaux de ses Thèses d’avril : « Tout le pouvoir aux soviets ! », « À bas le gouvernement provisoire ! » et surtout « Paix immédiate sans annexions ni indemnités ! »

De nouveau, c’est la guerre qui ouvre la voie à la radicalisation et à la dissolution du lien social et politique. Début juillet 1917, Kerenski prend le poste de président du Conseil et lance une offensive générale en Galicie. Malgré les talents d’orateur que déploie le « Danton russe » lors de sa tournée sur le front, c’est un échec majeur. L’armée se désagrège, les désertions se multiplient, la pression pour une paix immédiate se fait puissante. Dans les campagnes, la révolution est devenue jacquerie, faite de meurtres et d’incendies. Les paysans s’emparent des terres sans attendre une loi agraire. Dans les villes, le ravitaillement est toujours aussi catastrophique, d’autant que les élites jouent la politique du pire en refusant de souscrire à « l’emprunt de la liberté » lancé pour remplir les caisses vides, en licenciant les ouvriers grévistes. L’unité nationale se disloque tant à l’ouest (Pologne, Ukraine…) que dans les régions musulmanes de l’ancien empire.

Alors que l’armée russe se désagrège et que les désertions se multiplient, la pression pour une paix immédiate se fait toujours plus puissante.

L’été et le début de l’automne 1917 sont alors marqués par deux tentatives opposées de renverser le gouvernement provisoire. Lors des « journées de Juillet », les bolcheviques alliés aux anarchistes tentent de s’emparer du pouvoir en s’appuyant sur de gigantesques manifestations de soldats refusant d’aller au front. La répression est ferme ; Lénine doit s’enfuir en Finlande, Trotsky est emprisonné. Pendant ce temps, les groupes de pression conservateurs ou monarchistes s’organisent avec les officiers et réclament une main de fer pour mettre fin à la révolution. Le 21 août, Riga tombe aux mains des Allemands. Chef des armées, le général Lavr Kornilov exige alors les pleins pouvoirs dans l’armée et la militarisation de l’économie. Démis de ses fonctions par Kerenski, il s’avance vers la capitale avec ses cosaques et ne sera arrêté qu’avec l’aide des bolcheviques, dont les dirigeants sont libérés pour l’occasion. La solution autoritaire a échoué. Les bolcheviques, qui restent peu nombreux, séduisent les soviets et les structures locales par leur organisation et leur propagande percutante.

Les bolcheviques triomphent

Le gouvernement Kerenski s’efforce en vain de restaurer l’autorité de l’État en réunissant une conférence de 2 000 délégués (représentants du patronat, des syndicats, de l’état-major, des Églises et des partis politiques, à l’exception des bolcheviques), puis en proclamant la république le 1er septembre 1917. À cette date, Lénine a réussi à convaincre le comité central du parti bolchevique de rompre avec le gouvernement provisoire. Il déclare que seul le IIe Congrès des soviets sera légitime, rentre de Finlande le 23 octobre, veille de l’ouverture du congrès, et fait voter l’insurrection armée.

Préparé par le Comité militaire révolutionnaire de Petrograd, associant les bolcheviques et les SR de gauche, le coup d’État des 24 et 25 octobre révèle l’impuissance du pouvoir en place. La victoire des insurgés mobilise très peu d’hommes et de femmes, car aux gardes rouges – ces détachements ouvriers armés apparus pendant la révolution de Février et gagnés au bolchevisme – s’opposent les élèves officiers et les « bataillons de la mort » féminins. Si les ponts, postes, télégraphes et gares sont gagnés sans effusion de sang, les combats de la prise du palais d’Hiver, alors que le croiseur Aurore pointe ses canons depuis la Neva, resteront le moment mythique de la révolution d’Octobre, magnifiquement mis en scène en 1928 par Eisenstein dans son film Octobre. La destitution du gouvernement provisoire est aussitôt annoncée par télégraphe à tout le pays.

La « révolution d’octobre » signe la victoire d’un régime qui restera au pouvoir durant plus de soixante-dix ans.

Le IIe Congrès s’ouvre dans la nuit du 7 au 8 novembre. Mencheviks et SR se retirent, renvoyés par Trotsky aux « poubelles de l’histoire ». Le congrès vote tout le pouvoir aux soviets et proclame les premiers décrets sur les deux questions cruciales : la paix et la terre. La guerre civile se déclenche aussitôt dans un pays ruiné : les commissaires du peuple se rendent maîtres de Moscou au prix de plusieurs centaines de morts, les contre-révolutionnaires « blancs » s’organisent dès novembre, les Allemands continuent à avancer. Le gouvernement uniquement bolchevique qui s’installe, tout en respectant un temps la pluralité des partis de gauche, doit désormais conserver le pouvoir. Le régime communiste soviétique durera plus de soixante-dix ans, suscitant aussitôt haines et espoirs affrontés, et donnant lieu encore aujourd’hui à de multiples débats. « L’ancien se meurt, le nouveau ne parvient pas à voir le jour, dans ce clair-obscur surgissent les monstres », écrira Antonio Gramsci, fondateur du Parti communiste italien, dans les années 1920, laissant au moment révolutionnaire sa part d’énigme et de violence.

Pour en savoir plus
La Révolution russe. 1891-1924 : la tragédie d’un peuple, d’Orlando Figes, Gallimard, 2009.
La Grande Lueur à l’est. Les Français et l’Union soviétique (1917-1939), de Sophie Cœuré, CNRS Éditions, 2017.
1917. L’année qui a changé le monde, de Jean-Christophe Buisson, Perrin, 2016.

Chronologie
3 mars

Soulèvements révolutionnaires à Petrograd. Le tsar abdique sous la pression de la rue.
4 avril
Lénine, revenu de son exil en Suisse, arrive à Petrograd. Il développe ses Thèses d’avril.
24-25 octobre
Un coup d’État fait tomber le gouvernement provisoire. C’est la révolution d’Octobre.
7-8 novembre
Le IIe Congrès vote les pouvoirs aux soviets. Un gouvernement bolchevique se met en place.

La révolution des paysans
L’Empire russe était à 80 % rural. Le retour au village des soldats démobilisés ou blessés, de plus en plus sensibles aux idées pacifistes, modifie profondément le visage des campagnes. Dès le printemps 1917, le « partage noir » des terres s’accompagne de violences spontanées. Le Décret sur la terre, deuxième décret de la révolution d’Octobre, abolit la propriété privée et le système seigneurial. La terre sera « socialisée » par un nouveau décret à la fin de 1918.

Plusieurs courants pour une révolution
La contestation du pouvoir autocratique s’organise en plusieurs courants politiques. Les libéraux du Parti constitutionnel-démocrate (KD ou « Cadets ») mettent en avant les libertés individuelles et les réformes constitutionnelles. Les révolutionnaires se divisent en deux familles. D’un côté, les socialistes-révolutionnaires (SR) comptent sur des soulèvements paysans, sur des grèves et des attentats pour faire passer la Russie au socialisme, avec le mot d’ordre « la terre à ceux qui la travaillent ». Ils sont au pouvoir avec Kerenski et restent majoritaires jusqu’à leur interdiction en 1918. De l’autre, les marxistes pensent que la Russie doit passer par un stade capitaliste permettant le développement d’un prolétariat industriel, qui seul pourra détruire le tsarisme et la bourgeoisie. Le Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) se divise quant à lui en deux courants : les bolcheviques sont partisans avec Lénine de l’organisation d’une révolution par un parti de militants peu nombreux et très engagés ; les mencheviks veulent un parti ouvert au plus grand nombre de travailleurs et pensent qu’une alliance avec la bourgeoisie réformiste est possible. Ils perdent de l’influence à l’automne 1917 et seront contraints au ralliement, à l’exil ou à la clandestinité.

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