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Japon : Cette ancienne route permet de revivre l’époque féodale

Alors que le Japon rouvre ses frontières aux touristes, c’est le moment idéal pour découvrir le Tokaido, un axe important qui a inspiré d’anciens guides touristiques humoristiques ainsi que l’une des œuvres les plus célèbres du pays.

PUBLICATION 30 SEPT. 2022, 18:47 CEST
Satta Pass, Shimizu-Ward, Shizuoka City

Le mont Fuji s’élève en face du passage de Satta, l’une des nombreuses haltes sur la route du Tokaido. Celle-ci s’étendait autrefois sur 513 kilomètres entre Tokyo et Kyoto.

PHOTOGRAPHIE DE PHOTOGRAPHIE DE YUGA KURITA, GETTY IMAGES, GETTY IMAGES

Dans les années 1650, un moine bouddhiste et son compagnon partirent de Tokyo, Edo de son nom d’alors, pour un périple de plusieurs centaines de kilomètres sur le Tokaido, grand axe reliant la capitale japonaise à Kyoto. Voyageant comme beaucoup pour effectuer un pèlerinage, le duo suivit le principal itinéraire de l’époque. Ils longèrent un littoral accidenté, traversèrent des montagnes boisées et enjambèrent des rivières jaillissantes.

En chemin, ils goûtèrent des délices régionaux et admirèrent des monuments célèbres : des temples, des sanctuaires, des châteaux et la beauté symétrique du mont Fuji. Ils connurent également quelques mésaventures : à un moment donné, ils furent pris en chasse par un chien à queue enroulée.

Satta Peak by Hiroshige

Le Tokaido a inspiré à l’artiste Utagawa Hiroshige une série d’estampes, Les Cinquante-trois stations du Tokaido, parmi lesquelles on trouve cette représentation du passage de Satta (v. 1833/34).

 

Mais à l’inverse d’autres voyageurs, ces deux pèlerins ne sont pas réels ; il s’agit des protagonistes d’un ancien guide de voyage romancé en six volumes, le Tokaido Meishoki (les « Sites célèbres sur le Tokaïdo »). Dans celui-ci, l’auteur Asai Ryoi, moine bouddhiste qui avait parcouru le Tokaïdo, se sert des aventures souvent humoristiques de ses protagonistes pour présenter aux lecteurs la culture et les coutumes de la région ainsi que des informations historiques en rapport avec la route. Il y a également inclus des illustrations aux faux airs de mangas, près de 150 ans avant que le terme ne soit inventé, afin d’aiguiser l’appétit des lecteurs voyageant par procuration, assis confortablement sur leur tatami.

Grâce à l’essor de l’imprimerie et parce que la population japonaise était relativement lettrée, le Tokaido Meishoki et d’autres guides anciens comme le Tōkaidōchū Hizakurige permirent de populariser le voyage à l’époque d’Edo (1603-1868) et ouvrirent la voie aux générations de guides touristiques et de carnets de voyage qui ont suivi. Comme le formule Nicole Fabricand-Person dans The Tokaido Road: Journeys through Japanese Books and Prints in the Collections of Princeton University, pendant près de trois siècles, des livres illustrés et, plus tard, des estampes, « créèrent et nourrirent l’idée que le Tokaido était plus qu’une route longeant le littoral oriental du pays, c’était une destination en soi. »

PHOTOGRAPHIE DE PHOTOGRAPHIE DE HERITAGE ART, HERITAGE IMAGES / GETTY IMAGES, HERITAGE IMAGES, GETTY IMAGES

Bien que le Tokaido en tant qu’axe majeur et unique n’existe plus, son héritage culturel perdure. Qu’il s’agisse de gastronomie ou d’hospitalité, d’art ou de littérature, le Tokaido a donné lieu à toutes sortes de développements dont on peut faire l’expérience de nos jours sur des fragments de la route originale.

 

LE GRAND AXE DE L’ÉPOQUE D’EDO

Le Tokaido était la plus importante et la plus parcourue des cinq voies majeures de l’époque d’Edo. Ensemble, ces axes gérés de manière centralisée, reliaient Edo, la capitale de facto, à Kyoto, la capitale impériale, ainsi qu’à d’autres endroits importants du Japon. Ces routes bien entretenues étaient essentielles au commerce, aux communications et aux pèlerinages. Ces derniers constituaient généralement la seule raison officiellement valable de voyager lorsque l’on était japonais.

Ces cinq axes facilitaient également le système de résidence alternée, qui permettait au shogunat Tokugawa de surveiller de près ses potentiels rivaux en demandant aux plus de 200 seigneurs féodaux (ou daimyo) de résider à Edo une année sur deux. Leurs familles restaient dans la capitale en tant que garantie lorsqu’ils retournaient dans leur province.

old Tokaido Road

Ces pavés (ishidatami) sont caractéristiques du segment de Hakone Hichiri, dans la préfecture de Shizuoka. C’est l’un des derniers pans de la route originale à subsister.

 

Afin de subvenir aux besoins de tous ces voyageurs, cinquante-trois relais semblables à de petits villages ou à des hameaux (aucun n’est resté entièrement intact) s’installèrent le long du Tokaido pour que les chevaux puissent se reposer ou bien être échangés, pour que les voyageurs fatigués trouvent refuge, se nourrissent et, parfois même, s’amusent un peu.

(Ces passionnés continuent de faire vivre la culture samouraï.)

Les établissements modestes que l’on trouvait sur le Tokaïdo étaient des précurseurs des ryokan traditionnels et luxueux qui sont encore très populaires de nos jours. Dans ces endroits, les hôtes pouvaient enlever leurs habits du jour pour se glisser dans le confort d’un yukata, mais ils pouvaient aussi loger dans des chambres au sol tapissé de tatamis, se baigner dans des sources chaudes naturelles et s’offrir des dîners somptueux composés de plusieurs plats.

Ces relais sont peut-être à l’origine de la culture japonaise de l’omiyage (du souvenir). Comme le fait remarquer Nicole Fabricand-Person, « chacun des cinquante-trois relais officiels avait son propre caractère et ses propres spécialités (meibutsu) ». Au Japon, presque chaque village et chaque ville a ses propres meibutsu. De même que les guides de l’époque d’Edo les recensaient pour informer les voyageurs, des magazines et brochures de voyages modernes aux couleurs vives expliquent aux voyageurs d’aujourd’hui quels omiyage ramener à sa famille, à ses collègues ou à toute autre personne se trouvant sur sa liste (presque indispensable) de souvenirs.

Utagawa Hiroshige Block Print

Sur cette estampe (v. 1834), Hiroshige a représenté un groupe de voyageurs traversant le village de Megawa, à Ishibe, au Japon.

 

PHOTOGRAPHIE DE REPRODUIT AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DU ROGERS FUND, THE METROPOLI..., THE METROPOLITAN MUSEUM OF ART
Kuwana: The Post Station at Tomita

Cette estampe (v. 1838) montre un voyageur entrant dans un quartier commercial animé de Kuwana.

(Souvenirs de vacances : ce qu’il ne vaut mieux pas rapporter.)

Pour Llewelyn Thomas, directeur général de Walk Japan, agence de voyage qui organise des visites guidées sur le Tokaido, les meibutsu qui nous ramènent de la manière la plus efficace à l’époque d’Asai Ryoi sont les plats régionaux. « La culture et l’esprit de la route ont survécu grâce aux boutiques et à la nourriture. D’une certaine manière, le Tokaido devient fondamentalement un lieu de repos entre les différents repas pris en chemin », indique-t-il.

« Si vous prenez le Tokaido dans la préfecture de Shizuoka, qui est sans doute le meilleur segment à parcourir à pied aujourd’hui, Yui (qui était le relais numéro 16) est célèbre pour ses crevettes sakura-ebi, poursuit-il. Si vous vous arrêtez au relais suivant, Okitsu, le plat célèbre est l’amadai, une daurade au goût sucré. Ensuite vous arrivez à Abekawa et là, vous avez des Abekawa-mochi, des gâteaux de riz, puis vous atteignez Mario et le très célèbre restaurant Choji-ya, qui sert du tororojiru (de la soupe d’igname râpé) depuis plus de 400 ans. »

(Okinawa, l’île où l’on vit centenaire.)

 

LE TOKAÏDO HIER ET AUJOURD’HUI

Non loin du restaurant Choji-ya, un autre legs du Tokaido s’impose aux touristes : un panneau qui affiche l’une des cinquante-cinq estampes ukiyo-e de l’œuvre emblématique d’Utagawa Hiroshige, Les Cinquante-trois stations du Tokaido (1834). Cette série hautement influente saisit un morceau de chacun des cinquante-trois relais ainsi que le point de départ et d’arrivée du Tokaido à Edo et à Kyoto.

L’estampe de Mariko montre deux hommes dans un salon de thé au toit de chaume (le Choji-ya originel) en train d’être servis par une femme qui porte un bébé sur le dos. L’actuel Choji-ya a lui aussi un toit de chaume et un décor rustique mais de nos jours, l’ancien relais de Mariko n’est plus, ce grain qui ponctuait le paysage a disparu. C’est aujourd’hui un coin calme et presque rural des environs de la ville de Shizuoka qui s’étend sur le tracé original du Tokaido.

Tokaido Road Checkpoint

Le poste de contrôle reconstitué de Hakone, en surplomb du lac Ashi, accueille les touristes qui parcourent l’ancienne route du Tokaido.

 

Shizuoka Prefecture Hot Spring

Le bourg de Hakone est réputé pour ses sources chaudes comme celle de l’onsen Unryu.

 

L’endroit est assez calme pour y entendre le bourdonnement des insectes lorsque l’on s’y promène. La route longe brièvement la rivière. Devant certaines maisons sont disposés des sachets contenant fruits et légumes à l’intention des voyageurs. Personne ne les surveille, il suffit de déposer de l’argent pour les emporter avec soi.

En parcourant d’est en ouest ce qui était la route allant de Mariko à Tokyo, on s’expose à d’autres visages du Japon. Il y a d’abord Shizuoka, ville de province animée. Puis un mélange de sentiers côtiers pittoresques traversant des vergers d’agrumes à flanc de colline et des étendues urbaines bétonnées où la ligne Shinkansen Tokaido et l’autoroute du Tokaido couvrent le bruit de l’océan. Attendent également des points de vue représentés par Hiroshige, notamment un panorama typique sur le mont Fuji depuis le passage de Satta, lorsque les nuages sont favorables. Ce n’est en rien comparable à un sentier de randonnée conventionnel.

(Voici pourquoi des centaines de milliers de personnes gravissent le mont Fuji chaque année.)

C’est sur la section de Hakone Hachiri que le Tokaido ressemble le plus à un sentier de pleine nature. Celle-ci s’étend sur une trentaine de kilomètres entre la ville de Mishima, à l’est de Shizuoka, et la ville d’Odawara, dans la préfecture de Kanagawa (limitrophe de Tokyo), connue pour son château. Le bourg de Hakone est célèbre pour le lac Ashi, pour ses onsen, ses ryokan, et ses panoramas rapprochés sur le mont Fuji ; c’est une excursion typique lorsque l’on est à Tokyo. Toutefois, le sentier de Hakone Hachiri demeure méconnu.

Les segments comme celui-ci ne représentent peut-être qu’une fraction de la grande route d’origine mais ils sont encore doués du pouvoir de transporter les touristes vers une autre époque.

« Le Tokaido est un mélange d’hier et d’aujourd’hui, et Hakone est un des lieux où l’on peut encore sentir l’air d’il y a 400 ans », déclare Shin Kaneko, P-DG et guide principal de l’agence Explore Hakone. « Vous ne verrez pas de relais parfaitement conservés mais il y a encore des petits villages traditionnels. Le lac Ashi et le mont Fuji ont à peine changé depuis le temps où des gens se promenaient là à l’époque d’Edo. »

« Le sentier passe encore par une forêt de cèdres immenses, par des pans historiques du sentier qui sont pavés et, après une montée abrupte, s’arrête au salon de thé Amazake-chaya, vieux de 400 ans, continue celui qui est né à Hakone. Vous avez l’impression de transpirer tout autant que les voyageurs d’hier. »

Rob Goss est journaliste voyage et vit à Tokyo. Suivez-le sur Instagram.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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