Dans cet Âge d'or de l'illustration qu'est la fin du XIXe siècle, l'étoile d'Aubrey Beardsley brille d'un éclat aussi singulier que fulgurant. Son œuvre, présentée dans toute son ampleur au musée d'Orsay dès demain, bouleverse d'un même geste codes esthétiques et convenances.
« Je conseille rarement à quelqu’un d’embrasser une carrière artistique, mais dans votre cas je ne peux rien faire d’autre. » Ces mots, le peintre Edward Burne-Jones, sidéré, les adresse au jeune Aubrey Beardsley (1872-1898), venu lui montrer ses dessins. Le public et la critique ont rapidement reconnu ce génie précoce. Lorsque paraît l’estampe de La Dame aux camélias au printemps 1894, sa réputation est déjà solidement établie, un an à peine après la publication de ses premiers dessins.
Un étrange parfum décadent
Les dessins d’Aubrey Beardsley avaient été dévoilés en avril 1893 dans le premier numéro de « The Studio », accompagnés d’un article élogieux intitulé Un nouvel illustrateur. Parmi ces images, figuraient quelques gravures de l’illustration alors en cours de Le Morte d’Arthur, une adaptation de la légende du roi Arthur, écrite au XVe siècle par Thomas Malory. Engagé depuis l’automne précédent, ce travail se place en apparence dans le sillage du style médiévalisant d’Edward Burne-Jones et de ses illustrations pour la maison Kelmscott Press créée par William Morris.
Mais Beardsley s’affranchit de cette influence : des figures hiératiques, souvent androgynes, sont campées dans des décors stylisés, tandis que des figures grotesques venues de la mythologie classique, tels des faunes et des satyres, s’ébattent dans les bordures. Tous ces détails donnent à ses compositions un parfum étrange, « décadent », voire entêtant dans une autre commande contemporaine, l’illustration de la Salomé d’Oscar Wilde. Ce qui se joue dans ces dessins, c’est l’invention d’un nouveau rapport entre figure, narration et ornement, au profit de ce dernier.
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