Comment s’est construite la république populaire de Chine ?

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En 1912, la proclamation de la république de Chine renverse l’empire des Qing et s’ensuit trente ans de troubles. Alors que le Japon maintient sa pression impérialiste, la confrontation entre les nationalistes de Tchang Kaï-chek et les communistes de Mao Zedong fait craindre la guerre civile.

Alain Roux, sinologue, professeur émérite à l’Inalco

Publié le 20/04/2023 à 08h01, mis à jour le 26/04/2023 à 10h43 • Lecture 14 min.

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Une femme prend la parole lors d'un rassemblement communiste en Chine dans les années 1920 • BRIDGEMAN IMAGES

La république de Chine naît le 1^er janvier 1912, après un putsch qui entraîna la chute de la dynastie mandchoue des Qing, dont l’empire s’était affaibli par son incapacité à résister aux agressions étrangères. Mais elle manquait d’une solide base sociale. Elle chercha à mettre en place une république bourgeoise par mimétisme avec ce qui s’était passé en Occident, alors qu’elle n’avait pas connu de révolution industrielle, faute d’une accumulation primitive de capital.

L’effondrement de l’État provoqua l’apparition de « seigneurs de la guerre », en conflit permanent pour s’emparer du pouvoir central et de ses ressources. La bourgeoisie chinoise, libérée des contraintes bureaucratiques qui l’avaient étouffée dans le passé et profitant de l’éclipse sur le marché chinois des grandes puissances occupées entre 1914 et 1918 à faire la guerre en Europe, connut un âge d’or.

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Le mouvement du 4 mai 1919, qui vit la jeune société urbaine lutter au nom de la science et de la démocratie pour la modernisation de la politique, de la culture et de l’économie, révéla la force croissante d’une conscience nationale. Mais cet effacement de l’État, qui avait permis l’affirmation de cette bourgeoisie, la priva de moyens pour résister à la crise économique qui frappa le pays à partir de 1923. C’est dans ce contexte qu’apparurent les deux partis politiques qui allaient proposer de reconstruire un État chinois capable de moderniser le pays : le Parti nationaliste (appelé Guomindang, ou GMD) et le Parti communiste (PCC).