Quelle connaissance du bouddhisme (dont les origines remontent au Ve siècle av. notre ère) avaient les Occidentaux à l’époque médiévale ? C’est à cette question que répond cet intéressant ouvrage, préfacé par Jean Marcel, Barlaam ou Josaphat, ou le Bouddha christianisé.
Episode de la vie de saint Josaphat, enluminure de l’atelier de Hans Schilling (actif de 1459-1467). Alsace, XVe siècle. Haguenau, Ms. Ludwig XV 9, fol. 31.Cette thématique est rarement abordée par les études médiévales, mais témoigne pourtant des rapports qui pouvaient exister entre l’Orient et l’Occident, dans un horizon plus lointain encore que celui de l’Islam. Si on sait qu’au XIIIe siècle, Marco Polo (1254-1324) a été en contact avec cette doctrine lors de ses voyages (il en parle dans sa chronique, Le livre des merveilles), et même avant lui des missionnaires chrétiens (Jean de Plan Carpin ou Guillaume de Rubrouck, par exemple), on sait moins que d’autres savants avaient connaissance du bouddhisme depuis le XIe siècle.
C’est notamment par la diffusion d’un récit (à l’origine, une Vie du Bodhisattva, donc un texte d’Inde), celui de saint Josaphat, que le bouddhisme va s’intégrer dans le monde chrétien, sans que ce dernier en ait nécessairement conscience. On apprendra notamment grâce à cet ouvrage, traduit en français moderne, que la plus ancienne attestation de la vie de saint Josaphat remonte au VIIe siècle, en Palestine. Quelle a été le cheminement de ce texte ? Et comment le « Bouddha » est-il devenu à force de traductions « saint Josaphat » ? Jean Marcel apporte tous les éclairages utiles à la compréhension de cette vie de saint, rédigée dans la plus pure tradition hagiographique.
Ironie de l’histoire : le pape Sixte Quint (1520-1590), sur la foi du culte déjà rendu à la fin du Moyen Âge à ce « Josaphat », le canonisera finalement.
On conseillera vivement ce texte, rendu très accessible, à ceux qui s’intéressent à l’histoire des religions, à l’exégèse bouddhique ou chrétienne. Les autres apprécieront plus simplement un récit très coloré, celui du roi d’Inde Avenir, qui selon la légende persécutait l’Église chrétienne. Lorsque les astrologues lui prédisent que son propre fils, Josaphat, serait un jour chrétien, Avenir décide de l’isoler de tout contact extérieur. Malgré cet isolement, Josaphat rencontre un jour l’ermite Barlaam et se convertit au christianisme. S’ensuit le récit de la vie de Josaphat, ses péripéties, le dénouement, épisodes qui évidemment ne sont pas sans rappeler la vie du prince Siddhārtha Gautama, parvenu à l’Eveil (Josaphat, quant à lui, meurt bienheureux) puis mieux connu sous le nom de Bouddha.
Pour en savoir plus, nous vous invitons à vous rendre sur le site des éditions Gope.
Recension : Frédéric Wittner
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