Si le terme Goulag, qui est l'abréviation de Glavnoe OUpravlenie LAGerej, terme russe qui désignait l'administration de ces camps de travail forcé, le plus souvent situés en Sibérie, est connu de tous aujourd'hui, le régime de terreur qu'il a instauré en Union soviétique pendant plus de 25 ans est d’une telle cruauté que l’on croirait à une légende. 20 millions de déportés, hommes, femmes et enfants, et 4 millions de morts entre 1929 et 1954, ce bilan humain de la plus vaste entreprise concentrationnaire de l’histoire est si lourd que l’on peine à se le représenter. Dans la Russie stalinienne, on pouvait être déporté au goulag pour un rien, sans plus de motif que dans un roman de Kafka. Alors que l’on voit que la mémoire des atrocités du XXe siècle a tendance à sombrer dans l’oubli, retour sur quatre grands écrivains russes qui ont été témoins - et victimes - de cet univers indicible, et dont leurs œuvres témoignent, chacune à leur façon.
Dans le cadre de l'opération Nation Apprenante, en partenariat avec le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse, chaque présentation d'émission sera suivie d'une précision sur le niveau scolaire auquel elle peut faire écho. Que cela n'empêche pas les plus curieux d'y jeter une oreille...
1. Ossip Mandelstam (1891-1938)
Poète, essayiste, révolutionnaire déçu, martyr du régime stalinien, mais toujours à l'écoute de la rumeur de son temps, Ossip Mandelstam est mort d'épuisement au cours de son transfert vers le camp où il devait purger une peine de cinq ans de travaux forcés. Il nous laisse une œuvre poétique d'une force et d'une densité rares, en prise avec la violence de son époque.
Cette émission propose de faire le portrait du poète russe. Qualifié tour à tour d'Orphée moderne, de poète "intraitable" ou d'écrivain brillant, spirituel, élégant, loyal, sensuel, amoureux. Et finalement gai et lucide en dépit des ténèbres dans lesquelles ses souffrances psychologiques comme l’horreur politique de son époque le plongèrent.
À ÉCOUTER AUSSICes émissions sont indiquées pour les classes de première (dans le cadre du programme de français "La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle")
2. Marina Tsvetaieva (1892-1941)
Le destin tragique de Marina Tsvetaeva épouse les secousses de la première moitié du XXe siècle, de la révolution bolchévique de 1917 à la Seconde Guerre mondiale. Excentriques et intimement liés à son parcours de vie chaotique, ses poèmes, restés pour la plupart inédits de son vivant, nous sont parvenus après sa mort. Ils forment les pièces d’un portrait bouleversant de celle qui fut l'amie et la correspondante des plus grands poètes russes de son temps, Boris Pasternak, Vladimir Maïakovski, Anna Akhmatova ou Ossip Mandelstam.
Quelle est cette flamme, ce désir d'absolu jamais assouvi qui animait Marina Tsvetaieva ? Elle dont on disait que sa fougue et son insolence étaient dignes des plus grands hérétiques, philosophes ou insurgés. Cette émission propose d’éclairer l’œuvre de la poétesse russe à travers son parcours.
À ÉCOUTER AUSSI- Marina Tsvetaieva, un phare (58 mn)
Cette émission propose un portrait par les textes du personnage complexe et paradoxal que fut Marina Tsvetaieva. Celle qu'un écrivain décrivait ainsi : "attitude orgueilleuse, front haut, cheveux coupés courts, visage de garnement effronté. Ses excellents vers resteront comme restera sa soif de vivre et de tout détruire, sa lutte d’une seule contre tous."
À ÉCOUTER AUSSICes émissions sont recommandées pour les classes de première (dans le programme de français "La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle")
3. Varlam Chalamov (1907-1982)
Essayiste et journaliste, Varlam Chalamov était aussi poète.
- La prose de Varlam Chalamov (58 mn)
Pendant ses quatorze années d'internement au goulag (1937-1951), Varlam Chalamov s’efforça de retenir ses vers de mémoire à défaut de pouvoir les coucher sur papier. Il était en effet interdit de posséder un crayon ou du papier : penser restait sa seule liberté.
À ÉCOUTER AUSSICette émission est recommandée pour les classes de seconde (dans le cadre du programme de français "La littérature d’idées du XIXe siècle au XXIe siècle" et "Le roman et le récit du XVIIIe siècle au XXIe siècle")
4. Alexandre Soljenitsyne (1918-2008)
Dans sa jeunesse, Alexandre Soljenitsyne mène une vie semblable à tant d’autres en URSS : socialiste convaincu, il adhère aux Jeunesses communistes et ne remet pas en cause la légitimité du pouvoir soviétique. Jusqu'à ce jour de février 1945, où, officier d’artillerie sur le front allemand, il est arrêté pour avoir critiqué Staline dans une lettre à un ami et envoyé dans un camp de travail forcé. Il a 26 ans. C’est là, dans l'enfer du goulag, que va lui apparaître sa mission en tant qu'écrivain : être la voix des milliers de victimes de ce système concentrationnaire et lutter contre le grand mensonge du régime soviétique.
En 1967, Soljenitsyne achève le récit de ses années au goulag. La publication de L'Archipel du Goulag fait aussitôt scandale en Union soviétique et son auteur doit affronter la censure du pouvoir politique mais aussi celle de ses pairs. A l'extérieur du pays en revanche, l'œuvre lui vaut le prix Nobel de littérature en 1970. Une reconnaissance internationale qui ne le protégera pas de la répression : l'écrivain est déchu de sa nationalité et expulsé d'URSS en 1974. Cette émission propose un portrait des deux vies de Soljenitsyne, avant et après son exil aux Etats-Unis.
À ÉCOUTER AUSSI- Avoir raison avec Alexandre Soljenitsyne (5 épisodes de 29 mn)
Dissident, figure médiatique, la vie d'Alexandre Soljenitsyne mérite d'être connue. Mais, c'est surtout parce qu'il est considéré comme un écrivain visionnaire, à l'égal de Dostoïevski, que l'on peut se demander d'où vient la force si singulière de son écriture ? De ses blessures, de son sujet - le goulag - ou de son style ? Cette émission propose des éléments de réponse à ces questions.
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