Le patrimoine médiéval du quartier bas de Loire est à portée de main, pour qui sait pousser les bonnes portes. Dans la très étroite rue Basse de Loire, Paul Baudot nous a ouvert une de ses propriétés, à l’abri des regards grâce à une lourde porte en bois, basse et large.
Une bâtisse que ce Charitois né au 4, rue du Pont - sa mère y tenait un bazar, dans les années cinquante - et très attaché à son quartier, a achetée aux enchères : « C’était une ruine, sans toiture. Je l’ai achetée quelques années après la tornade de 1986, et je l’ai patiemment restaurée ».
Cette propriété – où habitait probablement, jadis, le responsable du port –, il l’ouvre épisodiquement à des expositions et a déjà dit oui à La Cité du Mot pour accueillir, cet été, des visites. Le Centre culturel de rencontre proposera en effet toute une programmation destinée à faire redécouvrir ce quartier ancien. Visite, en avant-première, d’un lieu captivant, dans les entrailles de La Charité.Première cave.
Après un puits en pierre, nous prenons la direction d’une première cave, sur notre gauche. Face à nous, une arche entière, intacte, offre à nos yeux son arc brisé. Nous voici face au premier pont en pierre construit à La Charité, que le développement de la ville, à la fin du Moyen Âge, a progressivement recouvert. Des recherches conduites par l’archéologue Marion Foucher ont permis de le découvrir. La Loire était alors plus large. Ce pont date de la fin du XIIIe ou du début du XIVe. Fait exceptionnel, ces arches ont servi de fondations aux maisons du XVe. Pour les déblayer, les archéologues avaient dû sortir 25 tonnes de gravat. Et environ cinq mètres de hauteur devraient encore être déblayés pour arriver au niveau originel. « Je suis sûr qu’on trouverait de l’eau avant… », parie le propriétaire. Aux murs, de tous les côtés, des garde-manger, témoignage de l’époque où la pièce servait à entreposer des marchandises. Des accroches rouillées sont d’ailleurs toujours suspendues à l’arche. Au-dessus de nos têtes, un trou, qui a dû servir de monte-charge.La cour.
Retour sur la cour. Qui était, autrefois, le prolongement de la rue. Donc, au départ, pas de mur, ni de galerie couverte non plus. À notre droite, une ancienne salle des gardes. Avec une immense cheminée en pierre probablement du XVe (dont manque le linteau), autour duquel on imagine les hommes casser la croûte. Et un placard mural, un évier en pierre complètent ce bel ensemble médiéval.
Un début d'arche...
Au bout de cette supposée salle des gardes, une simple échelle de bois, qui nous conduit dans un passage. En fait, l’ancien chemin de ronde, suppose le propriétaire. Cette fois, aucune lumière. Nous voici dans le noir complet. Gare aux pierres et aux cavités ! Paul Baudot nous guide avec sa lampe torche. À droite, un passage mène à d’anciennes latrines. Tout droit, une autre cave, avec, au bout, le début d’une autre arche du pont, située juste en dessous du croisement entre la rue du Pont et le quai Foch. Donc carrément sous la RN 151.
Et une voûte spectaculaire.
Cette cave, encombrée de gravats, possède une belle surface. Partout, accrochées aux pierres, des chauve-souris. Dans les parois, des fentes, des trous, un soupirail. Ces fentes, le propriétaire les a signalées aux services de l’équipement. Un témoin en plâtre a été posé. « Ça ne bouge pas », nous rassure-t-il. De l’eau suinte, aussi. Et on aperçoit ça et là d’étranges tâches noires : le goudron de la route qui passe au travers. Enfin, un escalier qui menait jadis directement à la rue du Pont. Muré depuis quand ? On repartira sans la réponse…
Ariane Bouhours
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