La guerre, la poste, l'aviation, le champagne, les beaux-arts... Il y en a pour tous les goûts dans les musées récemment rénovés, depuis l'été dernier, à travers la France. Par-delà cette diversité, chacune de ces opérations se signale par sa capacité à réinventer un lieu patrimonial singulier et à en révéler les beautés parfois insoupçonnées.
En cette période de déconfinement progressif, nombreux sont les musées encore fermés le temps de la mise en place de consignes adaptées face à la crise sanitaire. À l’occasion de la Journée internationale des musées et en attendant de pouvoir fouler à nouveau leur sol, redécouvrez neuf institutions qui ont su se réinventer.
1. Au musée de la Libération de Paris
Surprenante en apparence, l’installation du musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean... dans l’ancienne barrière d’Enfer trouve son explication en sous-sol. Là, dans un abri de défense passive, le colonel Rol-Tanguy, chef des FFI d’Île-de-France, avait implanté son PC lors de la Libération de Paris en août 1944. Depuis le 25 août 2019, ce haut lieu de la mémoire parisienne est accessible dans le cadre de la visite du musée. Ce derner se déploie entre le pavillon, construit par Claude-Nicolas Ledoux à la fin du XVIIIe siècle, et une annexe plus récente située à l’arrière, un espace composite intelligemment restructuré par l’architecte en chef Christophe Batard. Tirant parti des volumes et des atmosphères variées, le parcours tisse des liens entre petite et grande histoire, pour retracer l’une des pages les plus tragiques de l’histoire parisienne.
Musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin, 4, avenue du Colonel-Henri-Rol-Tanguy (place Denfert-Rochereau), 75014 Paris, 01 40 64 39 44, museesleclercmoulin.paris.fr
2. Musée + école à Pau
Le 9 novembre a été inauguré à Pau l’Espace des arts, associant sur un même site le musée des Beaux-Arts, riche d’œuvres courant de Largillière à Vasarely, et l’École supérieure d’art et de design des Pyrénées. Il s’agit de la réunion de bâtiments Art Déco par une vague colorée en verre et signée par l’architecte François Lathelize. L’occasion parfaite de faire un crochet par Pau pour voir le chef-d’œuvre d’Edgar Degas, Un Bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, accroché près de travaux des jeunes diplômés de l’école mitoyenne.
Espace des arts, 2, rue Mathieu-Lalanne, 64000 Pau, 05 59 02 20 06, www.esapyrenees.fr
3. La Poste en ses murs
L’architecture brutaliste n’a pas bonne presse. Pourtant, une fois débarrassée de la patine du temps, elle apparaît non dénuée de qualités, comme le montre la restauration du musée de La Poste. Celui-ci avait été construit en 1973 par André Chatelin, avec la complicité du sculpteur Robert Juvin, dont les reliefs, évoquant la taille-douce d’un timbre à grande échelle, donnent son animation à la façade sur le boulevard de Vaugirard. Immuable dans sa marmoréenne minéralité, cette façade dissimule un musée complètement transformé, où les maîtres mots semblent être mouvement et fluidité. Confiée à Jung Architectures et terminée le 23 novembre 2019, la rénovation a permis de décloisonner les différents plateaux, y compris dans l’axe vertical, et ainsi de déployer des collections d’une grande diversité : à côté d’un exceptionnel ensemble philatélique, œuvres, objets et images racontent l’histoire de la Poste depuis le XVIIe siècle.
Musée de La Poste, 34, boulevard de Vaugirard, 75015 Paris, 01 42 79 24 24 www.museedelaposte.fr
Exposition « Le Musée de la Poste sort de sa réserve » jusqu’au 23 mars.
4. Musée de l’Air et de l’Espace : Art Déco au Bourget
Édifié pour l’Exposition internationale de 1937, l’aéroport du Bourget avait l’ambition d’« ouvrir sur le ciel et sur le rêve », selon les mots de son architecte Georges Labro. Cette belle expression pourrait résumer la campagne de restauration qui vient de s’achever. Depuis l’installation du musée de l’Air et de l’Espace en 1973, les espaces avaient été partiellement occultés et encombrés par les aménagements muséographiques. Le 14 décembre 2019, un grand vent d’air frais a balayé tous ces dispositifs pour restituer non seulement les volumes et les perspectives exceptionnels du bâtiment, mais aussi l’extrême luminosité. Cette entreprise salutaire permet également de mieux goûter l’élégance des lignes qui fait du Bourget un monument de l’Art Déco. Menée sous la houlette de l’Atelier Gorka Piqueras Architecte et Associés, la restauration inclut la tour de contrôle reconstruite en 1953, ouverte pour la première fois au public.
Musée de l’Air et de l’Espace, Aéroport de Paris-Le Bourget, 3, esplanade de l’Air et de l’Espace, 01 49 92 70 00, 93350 Le Bourget, www.museeairespace.fr
5. Ingres et Bourdelle à Montauban
Édifié sur les vestiges de l’ancien château comtal, le palais épiscopal de Montauban, qui trône en majesté sur la rive du Tarn, abrite depuis 1911 le musée Ingres. Après trois années de travaux, rien n’a changé en apparence. Il faut pénétrer dans le bâtiment pour mesurer l’ampleur des transformations. En effet, la muséographie avait dépassé depuis un moment sa date de péremption et les collections semblaient paradoxalement à l’étroit dans ce vaste monument. En créant sept cents mètres carrés de nouveaux espaces, l’intervention architecturale a fait un gagnant, Antoine Bourdelle. Un étage entier est désormais dévolu à cet artiste natif de Montauban, dont le musée possède soixante-dix sculptures et une centaine d’œuvres graphiques. Désormais, l’institution est dénommée musée Ingres Bourdelle.
Musée Ingres Bourdelle, 19, rue de I’Hôtel-de-Ville, 82000 Montauban, 05 63 22 12 91, www.museeingresbourdelle.com
Expositions « Dans l’atelier d’Ingres », « Constellation Ingres Bourdelle » et « Un site convoité » du 14 décembre au 7 juin.
6. Chez Louis XIV à Marly
Ironie du sort dans un lieu autrefois réputé pour ses « grandes eaux », le Musée-promenade de Marly était victime en 2016 d’une grave inondation. À l’issue d’une grande campagne de travaux, le lieu revit aujourd’hui, transformé, mais toujours fidèle à sa vocation : faire revivre le souvenir du château de Marly, détruit sous le Premier Empire. Achevé en 1686, ce palais avait été construit par Jules Hardouin-Mansart pour Louis XIV. À travers objets, maquettes et dispositifs audiovisuels, le musée raconte à la fois l’histoire architecturale de Marly, son monumental pavillon central entouré de douze pavillons disposés de part et d’autre du bassin, mais aussi ses somptueux jardins et la légendaire machine chargée d’alimenter les fontaines. Il convie également le visiteur dans l’intimité du roi, qui cultivait là un art de vivre tourné vers les jeux et les plaisirs, loin des pesanteurs de la Cour.
Musée du Domaine royal de Marly, 1, grille royale, parc de Marly, 78160 Marly-le-Roi, 01 39 69 06 26, www.musee-domaine-marly.fr
Ouverture le 18 janvier
7. Angers retrouve Pincé
Quinze ans, c’est long, suffisamment en tout cas pour se faire oublier. Autant dire que la réouverture du musée Pincé à Angers devrait constituer une révélation pour une partie du public angevin, qui pourra redécouvrir l’exceptionnel hôtel particulier de la Renaissance, abritant l’institution depuis 1889. Il avait été donné à la Ville par le peintre local Guillaume Bodinier pour y exposer les œuvres de Lancelot Turpin de Crissé, autre célébrité angevine. Pénétrer dans le musée Pincé invite à un véritable tour du monde. En effet, les collections, d’une singulière diversité, associent l’Antiquité grecque et romaine, l’égyptologie et les arts précolombiens, chinois et japonais. Le défi du nouveau musée est de faire dialoguer ces œuvres d’époques et de latitudes si diverses, notamment à travers les expositions temporaires. La première est ainsi consacrée au thème universel de la mer, sous le patronage de La Vague d’Hokusai.
Musée Pincé, 32, rue Lenepveu, 49100 Angers, 02 41 05 38 00, musees.angers.fr
8. Nancy Art Nouveau : réouverture de la Villa Majorelle
Œuvre manifeste de l’Art Nouveau à Nancy, la Villa Majorelle a résisté à tout, aux bombardements et même à l’occupation… administrative. Depuis 2016, une ambitieuse restauration a été menée sous la direction de l’Atelier Grégoire André. Celle-ci visait d’une part à retrouver les dispositions d’origine, ou plus exactement celles de la villa telle que l’avait restaurée Louis Majorelle après la Grande Guerre, d’autre part à remeubler la maison. L’objectif étant de rendre son unité et sa cohérence à cette œuvre d’art totale, construite sur les plans d’Henri Sauvage en 1901-1902. L’achat de la chambre à coucher en 1984, puis de la salle à manger en 1996, a constitué l’une des étapes majeures dans la reconstitution du mobilier d’origine. Pour d’autres éléments disparus, les conservateurs du musée de l’École de Nancy ont cherché des équivalents. Ces meubles trouvent leur place dans un intérieur rénové, où les traces laissées par le passage du temps ont été soigneusement préservées.
Villa Majorelle, 1, rue Louis-Majorelle, 54000 Nancy, 03 83 17 86 77, musee-ecole-de-nancy.nancy.fr
9. Amiens en version XXL
Lors de son inauguration en 1867, le musée de Picardie est la première institution de province à être construite spécialement pour cet usage. En 2019, il est sans doute l’un des derniers grands musées de région à faire l’objet d’une nécessaire rénovation. Le plus spectaculaire dans l’opération menée par l’agence Frenak et Jullien, ce n’est pas l’adjonction d’une banale extension contemporaine, mais la révélation des décors peints d’origine, qui ont été scrupuleusement remis au jour par les restaurateurs. La peinture, d’une manière générale, apparaît comme le grand bénéficiaire du projet. D’une part, l’invraisemblable entassement des tableaux au premier étage avant sa fermeture en 2008 appartient désormais au passé. D’autre part, grâce aux espaces créés, des œuvres monumentales intègrent le nouvel accrochage : Les Voix du tocsin d’Albert Maignan (550 x 450 cm !) et les Puys d’Amiens, une série de tableaux du XVe au XVIIe siècle offerts à la cathédrale par une confrérie locale.
Musée de Picardie, 48, rue de la République, 80000 Amiens, 03 22 97 14 00, www.amiens.fr
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